Drogue et guerre civile

AN

Intervention aux XVIèmes Journées de REIMS pour une clinique du toxicomane « Politique et Interprétation », 28/29 Novembre 1997, REIMS

Il y a 100 ans, la psychanalyse est née de ce qui pouvait s’entendre de la parole de l’hystérique : la nature signifiante du symptôme.

Je propose une interprétation de la politique de santé publique en matière de toxicomanie ; une interprétation à propos de cet isomorphisme qui lierait une symptomatologie à la pratique thérapeutique inventée à son encontre.

La question est : que nous enseigne en matière de toxicomanie la politique de soins aujourd’hui ?

La politique, c’est la substitution. Substitution de drogue, mais aussi substitution d’organe, de travail, de conjoint… et de politique. Le Réel est ce qui revient toujours à la même place.

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Subutox

Pharma

Intervention à l’Association Septentrionale d’Epidémiologie en Psychiatrie, « Subutex : effet épidémiologique d’une thérapeutique de substitution », 13 Juin 1997, ST ANDRE-LEZ-LILLE.

Je précise d’emblée que je ne voudrais pas être un empêcheur de substituer en rond, et je partage tout à fait l’opinion des intervenants antérieurs, le Subutex est un excellent outil de travail, qui peut s’avérer satisfaisant quand il est utilisé à bon escient.

C’est que ce n’est pas la panacée, et d’ailleurs, croire en un remède miracle, c’est rester dans une logique toxicomaniaque. S’il y a bien une chose que les toxicomanes m’ont apprise, c’est que le seul produit miracle, c’est l’héroïne. C’est le meilleur des psychotropes, et c’est bien pour ça qu’ils en font usage !

Alors, mon collègue, vous a parlé de révolution. Moi, la révolution, ça me parle. Je voudrais quand même rappeler la définition de la révolution, c’est une rotation complète autour d’un axe ou d’un point central… Comme vous voyez, on revient au point de départ.

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Les toxicomanes sont mal barrés

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Intervention aux Journées de l’Association Freudienne Internationale, Toxicomanies : « Les psychanalystes et la méthode chimique », PARIS, 25/26 Janvier 1997.

« Le Prisonnier »

Vous connaissez sans doute ce feuilleton télévisé des années 70/80, dont les épisodes débutent invariablement par une intoxication faite au héros, agent secret démissionnaire.

Cet espion se réveille dans une sorte de village virtuel où, à l’image de ses habitants qui s’interpellent par leur numéro, tout est mis en oeuvre pour devancer les désirs et ordonner en toute convivialité la vie quotidienne.

Il n’y a plus à se préoccuper de quoi que ce soit, et notre agent secret est sommé de faire taire ses doutes et ses interrogations, mais aussi de livrer les renseignements qu’il détient, car ce paradis a un prix, celui d’un savoir qui lui serait propre.

La vigilante surveillance de « L’Organisation » est là pour répondre à tout et à tous selon leurs souhaits, puisque, de ce village, de toutes les façons, il n’y a pas moyen d’y échapper.

C’est la série-culte, « Le Prisonnier », dont le village de Portmeirion a été reconstitué au Pays de Galles, sous la houlette de l’acteur Patrick McGoohan, qui ne s’est jamais remis de ce rôle.

Eh bien, la drogue c’est comme ça, la drogue agit à peu prés de cette façon: c’est en tout cas ce que m’ont appris les toxicomanes que je rencontre. L’injection faite, le sujet à la toxicomanie évolue dans un monde parallèle, un monde virtuel d’où est exclue toute inhibition, toute crainte, toute interrogation.

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METS TA DONNE

 

Metha

Intervention à la Troisième Congrès de la Fondation Européenne pour la Psychanalyse, « Lien social et déliaison sociale », Bruxelles, 9/10/11 novembre 1996.

Je suis toujours étonné de rencontrer si peu de marginaux, ceux de mes lectures sans doute, car la plupart demeurent, ou restent fixés, si j’ose dire, à un âge avancé chez papa et maman, chez maman surtout ; beaucoup travaillent, certains étudient, font du sport, de la musique, fricotent avec un petit copain ou une petite amie, bref, arrivent à maintenir comme cela pendant longtemps une apparence de conformité sociale.

Alors, dans le même temps, les colonnes des journaux s’emplissent de faits délictueux qui leur sont reprochés, des cités et des quartiers entiers survivent de l’économie parallèle générée par la drogue, et fait troublant, les toxicomanes ont ce rare privilège avec une certaine perversion dont il est beaucoup question dans ce pays ces jours-ci, de renforcer la cohésion sociale à leur encontre.

Bien sûr, quand ils viennent dans un centre de soins, le plus souvent c’est que cette espèce d’écran, ou plutôt de miroir qui reflète une certaine idée de la normalité ne tient plus, pour tout un tas de raisons, c’est qu’ils ne peuvent plus faire semblant, et je crois que la dépendance au toxique, au Sorgenbrecher, « briseur de soucis » comme disait Freud, la pharmacodépendance c’est ne plus avoir à faire avec le semblant.

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Substitut-t’on ?

Subu

Conclusion des Premières Rencontres de l’U.S.I.D.,  « Toxicomanies : Actualités et Traitements », DOUAI, Juin 1996.

Vous êtes venus nombreux à ces premières rencontres, vous êtes venus avec vos questions, vous êtes venus chercher des réponses, … et puis, vous allez peut-être repartir avec d’autres questions : eh bien, c’est ça la substitution !

La substitution, c’est l’action de substituer, c’est à dire de mettre une chose ou une personne en lieu et place d’une autre.

Alors, la question, ma question aujourd’hui, est de savoir ce que l’on fait, avec ces traitements dits de substitution : non pas seulement pourquoi substituer, pourquoi prescrire, mais qu’est-ce que c’est, qu’elle est cette chose ou cette personne qui est mise en lieu et place d’une autre ?

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