Patrick Landman : « Le moment paradoxal de la psychanalyse »

La psychanalyse vit un moment paradoxal. D’un côté son élimination du champ de la psychiatrie devient de plus en plus évidente, de l’autre de plus en plus de personnes viennent consulter des psychanalystes pour parler, être écoutés et non pour recevoir des médicaments psychotropes dont ils se méfient.

La dernière décision du Conseil d’État confirmant le caractère central des recommandations de l’HAS en ce qui concerne les plateformes diagnostiques TND (troubles neurodéveloppementaux) porte un mauvais coup à ceux qui espéraient que le Conseil d’État censurerait l’imposition par la haute administration de la santé d’un discours unique d’orientation comportementaliste, surtout que sa dernière décision avait frappé d’obsolescence ces mêmes recommandations datant de 2012.

On peut craindre que les prochaines recommandations de l’HAS qui sont programmées pour bientôt ne soient qu’une confirmation de celles de 2012 avec quelques ajouts de circonstances mais en plus qu’elles soient opposables à tous les praticiens exerçant dans la pédopsychiatrie.

En effet la dernière décision du Conseil d’État semble faire passer ces recommandations du droit souple au droit commun opposable.

Ce risque est très important quand on sait la tendance réductionniste de l’administration. Verrons-nous les recommandations de l’HAS applicables comme un code de procédure pénal ?

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Olivier Douville / Psychanalyse: Chronologie des années troubles (1933-1939)

Pour informer les esprits raisonnables

1933 
Allemagne : Le 30 janvier, Adolphe Hitler est élu chancelier du Reich.
Février : Incendie du Reichstag à Berlin. M. Eitingon et S. Freud maintiennent l’existence de l’Institut psychanalytique de Berlin. Edith Jackson, membre de la DPG (Deutsche Psychoanalytische Gesellschaft), entre en résistance. Le 7 avril 1933 : Promulgation de la loi sur les ordonnances d’aryanisation des comités d’organisation nationale. Le 22, les médecins non-aryens sont exclus des caisses d’assurance maladie, la psychanalyse est attaquée comme « science juive ».

Le 6 mai, dans le fil des consignes d’aryanisation, F. Boehm et C. Müller-Braunschweig — par ailleurs « analyste didacticien » du fils de M. Göring, Ernst — proposent une aryanisation de la présidence de la DPG — ce dernier se donnera pour tâche de rendre conforme l’idéologie de l’institution au régime national-socialiste. La majorité des membres refuse cette modification (huit contres, cinq abstentions, deux pour).

Le 10 mai, les livres de S. Freud sont brûlés par les nazis, avec ceux de beaucoup d’autres auteurs, dont S. Zweig, B. Brecht et M. Hirschfeld. On entend proférer : « Contre la surestimation dégradante de la vie pulsionnelle ! Pour la noblesse de l’âme humaine, j’offre aux flammes les écrits d’un Sigmund Freud ! ». Le 18 novembre, Boehm et Müller-Braunschweig prennent la présidence de la DPG.

Le 22 mai : Mort de S. Ferenczi à Budapest. Freud répond à la lettre de condoléances de Jones : « Oui nous avons toutes les raisons de nous faire des condoléances. Notre perte est grande et douloureuse. Elle fait partie d’un changement qui renverse tout ce qui existe pour faire place à ce qui est nouveau. Ferenczi emporte avec lui une partie du passé (…) avec ma mort s’instaureront d’autre temps qu’il vous sera donné de connaître. Destin. Résignation. C’est tout. »

Le 28 mai Freud écrit à Oskar Pfsiter, « Notre horizon est très assombri par les événements d’Allemagne. Trois des membres de ma famille… sont à la recherche d’un nouveau foyer et n’en ont pas encore trouvé. La Suisse ne fait pas partie des pays d’accueil. Je n’ai guère sujet de changer mon jugement en ce qui concerne la nature humaine, spécialement l’aryano-chrétienne ».

Freud écrit le 10 juin : « L’Allemagne est la pire cellule de la gigantesque prison qu’est devenu le monde […] Ils ont commencé en prenant le bolchevisme pour leur mortel ennemi, mais ils finiront comme eux — à ceci près que, malgré tout, le bolchevisme a adopté des idéaux révolutionnaires alors que ceux de l’hitlérisme sont purement médiévaux et réactionnaires. »

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Lettre des praticiens de la souffrance psychique

Madame, Monsieur le candidat à l’élection présidentielle,

Vous être candidats à la Magistrature suprême. Vous connaissez l’état désastreux de la santé mentale de notre pays. Qu’allez-vous faire ? Aux difficultés matérielles se sont ajoutées des orientations qui compromettent la qualité des soins. 

Quelle est la grande inconnue de la plupart des programmes ? C’est la santé mentale ! La première pathologie française est la « dépression ». Directement ou non, les citoyens ont connu la violence du terrorisme : ce traumatisme a changé leur vie. Le stress au travail, le burn out, va en s’accroissant. Les liens de couple ont changé et posent des problèmes inédits. L’incertitude du futur mine les adolescents, augmentant les difficultés scolaires et d’adaptation. Presque toutes les familles – riches ou pauvres – savent ce que la toxicomanie signifie, car au moins l’un des leurs en dépend. Nombreux sont ceux qui prennent des calmants tous les jours, ou bien qui ne dorment plus sans somnifères. Et de plus, le Covid a majoré ces difficultés. Il s’agit de problèmes de société si banalisés que la plupart des Politiques ne les voient plus et qu’ils en parlent peu. 

Ces souffrances psychiques n’ont pas de cause organique ou génétique à ce jour démontrée. Ces « maladies » diffèrent d’une grippe ou d’un cancer. A ce jour, elles se traitent grâce aux connaissances apportées par la psychanalyse, et par plusieurs formes d’approche psychodynamique.

Signer la pétition : ici

Nous souhaitons connaître votre programme en vous posant cinq questions :

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