Œdipe, rêve de Freud

Le travail d’interprétation des rêves que propose Freud s’attache donc avant tout au contenu latent du rêve, qui se révèle bien plus signifiant que le contenu manifeste. C’est là le pas de côté de Freud, qui lui permet de s’affranchir de toute la tradition orinomancienne, et du symbolisme populaire qui tente de décrypter le message du rêve à partir des images du contenu manifeste.

Au-delà même du rêve, celui-ci apparaît paradigmatique de la méthode psychanalytique. La méthode d’interprétation des rêves que propose Freud ne recèle pas moins que l’ensemble des fondements de  la pratique de la psychanalyse elle-même.  La primauté à la libre association – contenu latent, sur l’exposé du symptôme – contenu manifeste, par exemple ; indique bien en quoi la vérité du sujet se situe dans un au-delà, une autre scène, inconsciente, qu’il s’agit de mettre à jour dans les linéaments d’une parole adressée à un autre. Un autre, un tiers, qui joue l’inter médiateur entre le vécu conscient, actuel, et l’ensemble de ce qui se trouve enfoui, qui, loin d’être oublié, n’en détermine pas moins l’actualité symptomatique.

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La belle bouchère

« Freud sur le rêve doit être lu, parce qu’il n’est pas possible autrement ni de comprendre ce qu’il entend par le désir du névrosé, par refoulé, par inconscient, par l’interprétation, par l’analyse elle-même, ni d’approcher quoi que ce soit de sa technique ou de sa doctrine »[1].

Freud nous livre donc d’emblée la clef de son interprétation des rêves : « Après interprétation complète, tout rêve se révèle comme l’accomplissement d’un désir ».

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Histoire de la Traumdeutung

 » Crois-tu vraiment qu’il y aura, un jour sur la maison, une plaque de marbre sur laquelle on pourra lire : « C’est dans cette maison que le 24 juillet 1895, le mystère du rêve fut révélé au Dr Sigmund Freud »[1]

Freud séjourne alors en famille à l’hôtel Bellevue, sur les hauteurs boisées de Vienne, afin d’échapper à la chaleur estivale. Le 24 juillet, il reçoit un confrère qui lui fait part des difficultés qu’il rencontre avec une patiente névrotique nommée Irma, bien qu’il suive les premières élaborations théoriques de Freud[2]. Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1895, Freud fait le rêve dit de « L’injection faite à Irma », dans lequel il rejette la faute de la mauvaise santé psychique d’Irma sur son collègue.

Si l’on en croit son biographe, Ernest Jones, Freud s’est intéressé aux rêves dès l’enfance, les notant à l’occasion[3].

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Le travail du rêve suit les lois du signifiants

« Dans le rêve ne l’intéresse que son élaboration. Qu’est-ce à dire ? Exactement ce que nous traduisons par la structure de langage.

Comment Freud s’en serait-il avisé, puisque cette structure par Ferdinand de Saussure n’a été articulée que depuis ? Si elle recouvre ses propres termes, il n’en est que plus saisissant que Freud l’ait anticipée »  Jacques Lacan[1]

Avant Freud, seul le contenu manifeste du rêve, tel qu’il se présente au réveil, faisait l’objet des investigations des oniromanciens et de la plupart des philosophes.

Le procédé d’analyse des rêves qu’introduit Freud met en évidence le contenu latent, soit les pensées du rêve qui le conditionnent dans les dessous : « C’est à partir de ces pensées latentes et non à partir du contenu manifeste que nous cherchons la solution ».

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