Radiofaunie

À PROPOS DE RADIOFAUNIE

Radiofaunie est un podcast qui s’adresse à quiconque est curieux de la psychanalyse et de ses échanges fructueux avec la culture comme la pop culture.  

Radiofaunie est un espace de conversation entre ceux qui font vivre la culture et ceux qui animent la psychanalyse.  

Radiofaunie, homophonie de la Radiophonie de Lacan, a pour intention de jouer de l’équivocité comme marqueur de l’inconscient et de la parole.  

Radiofaunie vise à faire entendre plusieurs voix en suivant le fil du désir d’auteurs, chercheurs,
artistes, libraires, éditeurs, témoins, prêts à interroger la question du sujet dans la culture. 

Radiofaunie n’est ni un lieu d’enseignement, ni de promotion, et pas une séance d’analyse : c’est un rendez-vous qui parle de l’inconscient et de ses multiples expressions culturelles. 

Radiofaunie est un programme propulsé par l’Association Lacanienne Internationale. Il sera diffusé sur son site et les pages de ses réseaux sociaux. Sa visée : donner de la voix à la psychanalyse d’orientation freudienne et lacanienne, à ses travaux et à ses échos dans le champ culturel polyphonique. 

https://podcast.ausha.co/radiofaunie

« Malaise dans l’hospitalité » Jean-Jacques Tyszler

Il nous faut tristement reconnaître que la question des migrations fait basculer une partie de l’électorat vers une droite extrême et décomplexée quant au rejet de l’Étranger.
Les images à la frontière Biélorusse ou du centre de réfugiés en feu dans l’île grecque de Lesbos réveillent de manière fugace une culpabilité mais nous devons souligner cette pente à l’anesthésie affective ; les grands aliénistes utilisaient ce terme pour décrire un sujet qui n’est plus affecté par la présence de sa famille, ses proches, ses voisins.
Notre vision est comme sidérée par le chiffre des drames en mer ou dans les cols de montagne, les disparus par noyade ou épuisement.
Notre regard sait il encore considérer ?
En pleine crise sanitaire sont régulièrement remis à la rue les déboutés du droit d’asile, des familles entières souvent avec des enfants petits.
Même pour des exilés régularisés nous connaissons les délais vertigineux des rendez vous en préfecture pour les récépissés des papiers et leur renouvellement.
Les idéaux de la France comme  » Terre d’asile  » sont ils à ranger dans une période révolue de l’Histoire ?
Nous refusons cet état de fait et rappelons la mise en garde de Freud dans son texte, malheureusement si prophétique, de 1915,  » Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort  » :  » …nous trouvons légitime la mort des étrangers et des ennemis et nous les y condamnons avec autant d’empressement et aussi peu d’hésitation que l’homme des origines …Chaque jour, à chaque heure, dans nos motions inconscientes, nous écartons de notre chemin ceux qui nous gênent … »

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L’homme aux rats, l’emprise du transfert

Ernst Lanzer

Il faut relire l’homme aux rats comme la Bible

Jacques Lacan ( 14/05/1958)

Les Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (L’homme aux rats), constituent la troisième des cinq psychanalyses que nous a transmit Freud. Il s’agit du récit d’une cure de 11 mois, effectuée du 1er octobre 1907 à la mi-septembre 1908. Durant les quatre premiers mois, Freud prend des notes tous les jours, sauf le dimanche, au rythme même de la cure.

Freud exposera le cas de l’homme aux rats à la Société de Psychanalyse de Vienne le 30 octobre, les 6 et 20 novembre 1907, le 22 janvier et 8 avril 1908, puis au premier congrès international de psychanalyse qui se tint à Salzbourg le 27 avril 1908. Il sera publié en octobre 1909 dans le premier numéro du Journal pour la Recherche Psychanalytique et Psychopathologique (Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen) ; et traduit en français en 1935. En quelque sorte, c’est le premier compte rendu d’une analyse menée selon la technique de l’association libre, soit, rien de moins qu’une ré-invention de la psychanalyse par Freud.

L’homme aux rats, c’est Ernst Lanzer, un jeune homme de 29 ans, docteur en Droit, aux prises avec de douloureux symptômes obsessionnels longuement décrits et interprétés par Freud.

Le récit de cette cure est tout entier imprégné par le transfert.

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Dora, la méprise du transfert

Ida Bauer

Nous sommes en 1899, Freud a 43 ans, et depuis Anna O., il s’intéressait plus particulièrement à la maladie hystérique, qui lui fournissait une clientèle aisée provenant de la bourgeoisie juive viennoise particulièrement pudibonde. Les Études sur l’hystérie ont été publiées en 1895 avec Josef Breuer.

Peu de temps après le décès de son père en 1896, Freud entreprend son « auto-analyse », principalement à partir de ses propres rêves. Brouillé avec Breuer, Freud a un nouveau « mentor », avec qui il entretient une correspondance intense. Wilhem Fliess est un oto-rhino allemand installé à Berlin. Il s’intéresse particulièrement aux liens entre le nez et les organes génitaux, et suggéra a Freud le polymorphisme de la sexualité infantile, ce qui provoquera leur rupture en 1906. Quoi qu’il en soit, Wilhem Fliess est considéré, à son insu de son plein grès, comme l’analyste de Freud.

Fort de cette aventure intime, Freud s’apprête à publier en janvier 1900 son grand livre, L’interprétation des rêves. C’est pourquoi, ce Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora) c’est d’abord appelé Rêves et hystérie. Freud l’écrit dans l’avant propos, il s’agit de corroborer mes assertions de 1895 et 1896 sur la pathogénie des symptômes hystériques et des processus psychiques de l’hystérie. Soit, l’hystérie (a) sa source dans l’intimité de la vie psychique sexuelle des malades, et les symptômes hystériques (sont) l’expression de leurs désirs refoulés les plus secrets. Il s’agit donc d’obtenir leurs aveux, même si Freud précise que la technique psychanalytique a subi une transformation radicale. (…) Je laisse maintenant au malade lui-même le soin de choisir le thème du travail journalier et prends par conséquent chaque fois pour point de départ la surface que son inconscient offre à son attention.

C’est pourquoi, tout à sa préoccupation pour la confirmation de sa théorie sexuelle sur l’étiologie des névroses et son déchiffrement par les rêves, Freud reconnaît, mais un peu tard (en 1923), que la partie la plus difficile du travail technique n’a pu être abordée chez cette malade, le facteur du transfert, dont il est question à la fin de l’observation, n’ayant pas été effleuré pendant ce court traitement. Ceci est à mettre à l’honneur de Freud, chercheur scientifique, qui n’hésite pas à souligner ses erreurs afin de nous en prévenir : à trop vouloir coller la théorie à la clinique, on échoue sur l’essentiel, le relationnel c’est-à-dire le transfert.

 D’autant que la théorie, et de surcroît la théorie psychanalytique, comme toute théorie scientifique, n’est pas figée, elle ne cesse d’évoluer car étroitement liée aux conditions sociétales des processus de subjectivassions du moment présent.

Ainsi Freud, en cette fin du XIXème siècle, peine à envisager l’homosexualité de Dora, là où l’analyste du XXIème siècle aurait tendance à en voir partout !

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Anna O., la surprise du transfert

Bertha Pappenheim

En allemand, übertragung de über, au-dessus et tragen, porter, supporter : soit, littéralement, porter-dessus. Dans la langue courante, employé pour transmission voire retransmission d’une émission de radio , mais aussi pour transcription, traduction, etc.

En français, transfert selon le Larousse, c’est l’action de transférer, de déplacer quelque chose ou quelqu’un : en Droit, le transfert de propriété par ex., en sport, le changement de club d’un joueur, etc.

L’expression « faire un transfert sur quelqu’un » est une expression assez courante depuis que certaines notions psychanalytiques se sont banalisées. De ce quelqu’un, il s’agit le plus souvent d’une personne en position de savoir : le médecin, l’enseignant, le politique, etc. ; mais aussi de en position de savoir faire ou de savoir y faire, comme le sportif, le chanteur. Le transfert, au sens commun, s’équivaut à l’élan affectif, une certaine admiration voire énamoration.

Mais le transfert, tel qu’il a été découvert et tel qu’il est conceptualiser en psychanalyse répond à une réalité, voire un réel bien plus complexe.

Cette année je vais m’attacher à répondre à ces quelques questions posées par ma petite note d’invitation :

Qu’est-ce que le transfert ?

En quoi y-a-t il une spécificité du transfert en psychanalyse ?

Quelle est la fonction du transfert dans la cure, et en quoi celle-ci est-elle primordiale ?

Qu’est-ce que « le maniement du transfert » par l’analyste, comme le théorise Freud puis Lacan, et en quoi ce « maniement » conditionne les autres éléments de la cure, jusqu’aux interprétations même ?

Dans un premier temps, nous aborderons cette découverte, et même cette invention du transfert par Freud.

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Au commencement était le verbe… et le transfert

École Psychanalytique Des Hauts de France, Membre de l’A.L.I.

Séminaire 2021-2022

Au commencement était le verbe, et le transfert

Christian Colbeaux (33 (0)6 09 61 21 91) christiancolbeaux(a)yahoo.fr

76 Bd Vauban à Lille, de 21h à 22h 30

Séminaire toujours ouvert, merci de me contacter

Le transfert est au cœur même de l’aventure psychanalytique, qui ne se déploie que dans l’inter-dit du langage. C’est là la spécificité de la psychanalyse, à l’encontre des psychothérapies, toujours prescriptives. C’est le transfert à l’analyste, dans la parole propre de l’analysant, qui lui permet de d’énoncer les signifiants qui le guident à son insu.

                     

Patrick Landman : la guerre des psychanalystes contre le DSM

Publié le 27 août 2018 sur le blog d’ Olivier Douville

Depuis quarante ans le combat que mènent les psychanalystes principalement dans le champ de la santé mentale est très paradigmatique d’une certaine évolution de la culture dans les pays occidentaux et de ce que Freud appelait son « malaise ».

Reportons-nous en l’an mille neuf cent soixante-quinze : la psychanalyse est quasi hégémonique dans la psychiatrie, ses modèles psychopathologiques sont acceptés et utilisés par une majorité de praticiens, les autres pratiques qui se référent au comportementalisme sont minoritaires et les psychanalystes ont appris à travailler avec les progrès de la pharmacologie. Il existe pourtant déjà une ombre au tableau : les parents d’enfants autistes s’insurgent contre l’idée que l’autisme de leur enfant puisse être relié causalement à l’interaction précoce entre l’enfant et les parents ou à une faille dans le désir des parents, ils dénoncent l’effet culpabilisant de ces hypothèses non prouvées, ils sont persuadés que le point de départ de l’autisme est à situer dans un dysfonctionnement biologique d’origine génétique sans que que l’on sache l’enchaînement des causalités qui aboutissent à l’autisme et que les problèmes liés à l’interaction sont secondaires. L’histoire validera globalement leur thèse.

QUELQUES RAISONS DU DÉCLIN DE LA PSYCHANALYSE LIÉES AU DSM
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Roland Gori / Face à des pouvoirs qui vident le peuple de sa dimension politique il faut la rétablir

Publié le 22 mars 2021 sur le blog d’ Olivier Douville

Roland Gori est psychanalyste, auteur de nombreux essais traitant des rapports entre médecine et société, et critiquant certaines dérives scientistes dans les sciences médicales et humaines. Il est notamment l’un des initiateurs de l’Appel des appels, lancé afin de « résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social ». Il est aujourd’hui président de son association, et a publié le livre « Et si l’effondrement avait déjà eu lieu : L’étrange défaite de nos croyance » (éditions Les Liens qui Libèrent, 2020). Nous en avons profité pour lui poser quelques questions à propos du traitement politique de la crise sanitaire. (Par Galaad Wilgos -18/03/21).

Le Comptoir : Vous avez longtemps traité de la question de l’importance du rapport au patient, du dialogue et des affects mis à mal par un type de modernité asséchante et scientiste. Est-ce que ces mesures autoritaires prises pour lutter contre la covid-19 ne viennent pas justement mettre en place une biopolitique qui renforce la négation du citoyen en tant que sujet – et partant porte atteinte à la démocratie, qui est certes un ordre politique mais aussi quelque chose qui s’ancre dans les mœurs de l’individu ?

Roland Gori : Notre modernité accroit une hégémonie culturelle, celle de la rationalité instrumentale qui tend à exploiter les individus et le vivant comme un stock d’énergie à exploiter à l’infini. D’où les problèmes actuels dont on ne dit pas suffisamment quelle part est la nôtre dans l’émergence des épidémies par nos modes de vie et nos industries qui modifient notre biotope. Nous sommes prisonniers de valeurs et d’un système de pensée qui datent du début des sociétés thermo-industrielles. Ces astres morts continuent à nous éclairer et les normes qu’ils prescrivent contribuent à la catastrophe dans laquelle nous nous trouvons.

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Jacques Sédat : communiqué du groupe de contact

Communiqué du Groupe de Contact
2 décembre 2021

Le Groupe de contact, fondé il y a une vingtaine d’années, réunit la majorité des associations de psychanalystes existant en France, dans la reconnaissance et le respect de leur diversité. Il a pour vocation d’exprimer l’apport de la psychanalyse lorsque des politiques, des règlementations et des mesures administratives menacent son existence.

Nous alertons tout un chacun – le public, les media et les politiques – sur la multiplication et l’aggravation très préoccupantes des mesures de discrimination, voire d’exclusion, visant les professionnels qui reconnaissent les acquis de la psychanalyse ou s’en réclament dans leur pratique, qu’ils soient soignants ou enseignants, dans les hôpitaux, les centres de soin, les universités, les laboratoires de recherche.

Les héritiers de Freud affirment la nécessité de leur présence dans les champs de recherche scientifique, dans les pratiques médico-sociales et dans l’espace culturel. Des mesures administratives indues ne sauraient effacer ce qui est leur contribution théorique et pratique, depuis plus d’un siècle, aussi bien dans le débat sur les origines de la souffrance psychique, que sur les moyens individuels ou institutionnels d’y remédier, dans notre culture actuelle.

C’est pourtant ce qui est en train de se réaliser très concrètement et à grands pas dans les hôpitaux, les centres de soins, les universités et les media.

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Daniel Zagury : « Comment on massacre la psychiatrie française »

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Le Monde. Publié le 07 octobre 2021

Célèbre pour son apport à la clinique médico-légale, ainsi que pour son courage face aux polémiques qui ont déferlé sur lui à propos de ses expertises de grands criminels – Guy Georges, Patrice Alègre, Michel Fourniret et bien d’autres –, Daniel Zagury, psychiatre honoraire des hôpitaux et auteur de nombreux ouvrages, est aujourd’hui un homme en colère. En témoigne le titre de son dernier livre, Comment on massacre la psychiatrie française. Néanmoins, c’est avec rigueur et sans outrance qu’il décrit la situation actuelle. Article réservé à nos abonnés

Non seulement, dit-il, tout va de mal en pis depuis une vingtaine d’années – fermetures de lits ou réduction du personnel soignant, pénurie d’experts –, mais la sottise des classifications issues du fameux Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), contesté dans le monde entier, a eu pour conséquence la réapparition de pratiques d’un autre âge : contentions, maltraitance, etc. Autrement dit, c’est l’abandon de la triple approche de la folie – biologique, sociale et psychique –, au profit d’un étiquetage unique qui a conduit à une dégradation de la discipline : « On a précipité l’effondrement de la psychiatrie intégrative bio-psycho-sociale (…). Ce qui est condamnable, ce ne sont évidemment pas les neurosciences (…) mais la prétention à l’hégémonie et à l’exclusivisme de n’importe lequel des composants du champ psychiatrique. »

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