OGM, OMC and Co

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Introduction aux Quatrièmes rencontres de l’Unité de Soins et d’Information sur les Drogues, « Dopage et nouvelles drogues, Douai, 23/09/99

Le travail préparatoire à cette journée nous a permis de penser que le dopage n’était pas l’apanage médiatisé de professionnels de haut niveau, mais une pratique courante de nombreuses disciplines sportives, et même de sports non compétitifs !

Dopage et nouvelles drogues apparaissent tous deux comme des phénomènes de masse récents, promus par la modernité chimique. Tous deux répondent aux aspirations de cette fin de siècle, au culte de la performance et à l’idéal consumériste. Bien plus, dopage et nouvelles drogues bénéficient des avancées économiques de ces dernières années, avec une industrie délocalisée, une mafia mondialisée et un arasement des particularismes culturels.

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D’une jouissance, l’autre

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Intervention aux 20èmes Journées de l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanies, « Toxicomanie : une addiction parmi d’autres », 06 juin 1999, MONTPELLIER

L’absence d’interrogation dans l’intitulé de ces journées relève sans doute du lapsus : Toxicomanie : une addiction parmi d’autres.  Un lapsus qui dévoile toute l’ambiguïté de l’emploi du terme d’addiction.

L’addiction nous revient des anglo-saxons après avoir longtemps signifié dans l’Europe du Moyen-Age la contrainte par corps, imposée à celui qui ne pouvait s’acquitter de ses dettes : il payait de sa personne.

L’ennui avec une telle nosographie comportementale issue du DSM IV, c’est par exemple qu’elle a déjà réglé son compte à l’hystérie, qui a disparue corps et âme. Que l’on voudrait se débarrasser des toxicomanies, que l’on ne s’y prendrait pas autrement !

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Sorcellerie et toxicomanie

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Intervention aux XVIIèmes Journées de REIMS pour une clinique du toxicomane, « Traitements de substitution et Politique de substitution : vers une clinique du social », 27/28 Novembre 1998, REIMS

A l’approche de l’an 1000, l’Europe est parcourue par de terrifiantes bandes de malheureux assoiffés de martyrs ou de massacres.

Les suicides collectifs et les exodes de masse se multiplient, c’est le « retournement du monde ».

Inquiète, l’Eglise Catholique au pouvoir tente de canaliser ces mouvements de foule en lançant les croisades au cri de « Dieu le veut ! ».

Durant toute la première moitié de notre millénaire, la population est en proie aux invasions de barbares, aux épidémies de peste et aux famines. L’emprise religieuse maintient le statut quo féodal.

Dans le même temps se développent des pratiques de sorcellerie, qui viennent ainsi répondre au marasme de masse.

La confection de philtres psychotropes, l’organisation de lubriques sabbats et les jeteurs de sorts dévoilent la faillite de l’implacable discours du Maître religieux.

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Troisièmes !

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Introduction aux Troisièmes Rencontres de l’USID, « Toxicomanie et pratique de réseau », Douai, 24/09/1998

Pour introduire ces Troisièmes Rencontres, relatives aux Pratiques de Réseau, je vous propose une définition, la définition d’un réseau telle que l’on peut la trouver dans un dictionnaire. Réseau : ensemble de lignes, de canalisations, de voies de communication reliées entre elles. Un ensemble, c’est un groupement d’éléments possédant une certaine unité, une caractéristique commune.

Un réseau d’intervention en toxicomanie consiste donc en un groupement de professionnels concernés par la toxicomanie, reliés entre eux par des voies de communication. Ce qui pourrait se dire : lieu de parole concernant la toxicomanie.

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Drogue et guerre civile

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Intervention aux XVIèmes Journées de REIMS pour une clinique du toxicomane « Politique et Interprétation », 28/29 Novembre 1997, REIMS

Il y a 100 ans, la psychanalyse est née de ce qui pouvait s’entendre de la parole de l’hystérique : la nature signifiante du symptôme.

Je propose une interprétation de la politique de santé publique en matière de toxicomanie ; une interprétation à propos de cet isomorphisme qui lierait une symptomatologie à la pratique thérapeutique inventée à son encontre.

La question est : que nous enseigne en matière de toxicomanie la politique de soins aujourd’hui ?

La politique, c’est la substitution. Substitution de drogue, mais aussi substitution d’organe, de travail, de conjoint… et de politique. Le Réel est ce qui revient toujours à la même place.

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Intervention à l’Association Septentrionale d’Epidémiologie en Psychiatrie, « Subutex : effet épidémiologique d’une thérapeutique de substitution », 13 Juin 1997, ST ANDRE-LEZ-LILLE.

Je précise d’emblée que je ne voudrais pas être un empêcheur de substituer en rond, et je partage tout à fait l’opinion des intervenants antérieurs, le Subutex est un excellent outil de travail, qui peut s’avérer satisfaisant quand il est utilisé à bon escient.

C’est que ce n’est pas la panacée, et d’ailleurs, croire en un remède miracle, c’est rester dans une logique toxicomaniaque. S’il y a bien une chose que les toxicomanes m’ont apprise, c’est que le seul produit miracle, c’est l’héroïne. C’est le meilleur des psychotropes, et c’est bien pour ça qu’ils en font usage !

Alors, mon collègue, vous a parlé de révolution. Moi, la révolution, ça me parle. Je voudrais quand même rappeler la définition de la révolution, c’est une rotation complète autour d’un axe ou d’un point central… Comme vous voyez, on revient au point de départ.

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Les toxicomanes sont mal barrés

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Intervention aux Journées de l’Association Freudienne Internationale, Toxicomanies : « Les psychanalystes et la méthode chimique », PARIS, 25/26 Janvier 1997.

« Le Prisonnier »

Vous connaissez sans doute ce feuilleton télévisé des années 70/80, dont les épisodes débutent invariablement par une intoxication faite au héros, agent secret démissionnaire.

Cet espion se réveille dans une sorte de village virtuel où, à l’image de ses habitants qui s’interpellent par leur numéro, tout est mis en oeuvre pour devancer les désirs et ordonner en toute convivialité la vie quotidienne.

Il n’y a plus à se préoccuper de quoi que ce soit, et notre agent secret est sommé de faire taire ses doutes et ses interrogations, mais aussi de livrer les renseignements qu’il détient, car ce paradis a un prix, celui d’un savoir qui lui serait propre.

La vigilante surveillance de « L’Organisation » est là pour répondre à tout et à tous selon leurs souhaits, puisque, de ce village, de toutes les façons, il n’y a pas moyen d’y échapper.

C’est la série-culte, « Le Prisonnier », dont le village de Portmeirion a été reconstitué au Pays de Galles, sous la houlette de l’acteur Patrick McGoohan, qui ne s’est jamais remis de ce rôle.

Eh bien, la drogue c’est comme ça, la drogue agit à peu prés de cette façon: c’est en tout cas ce que m’ont appris les toxicomanes que je rencontre. L’injection faite, le sujet à la toxicomanie évolue dans un monde parallèle, un monde virtuel d’où est exclue toute inhibition, toute crainte, toute interrogation.

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METS TA DONNE

 

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Intervention à la Troisième Congrès de la Fondation Européenne pour la Psychanalyse, « Lien social et déliaison sociale », Bruxelles, 9/10/11 novembre 1996.

Je suis toujours étonné de rencontrer si peu de marginaux, ceux de mes lectures sans doute, car la plupart demeurent, ou restent fixés, si j’ose dire, à un âge avancé chez papa et maman, chez maman surtout ; beaucoup travaillent, certains étudient, font du sport, de la musique, fricotent avec un petit copain ou une petite amie, bref, arrivent à maintenir comme cela pendant longtemps une apparence de conformité sociale.

Alors, dans le même temps, les colonnes des journaux s’emplissent de faits délictueux qui leur sont reprochés, des cités et des quartiers entiers survivent de l’économie parallèle générée par la drogue, et fait troublant, les toxicomanes ont ce rare privilège avec une certaine perversion dont il est beaucoup question dans ce pays ces jours-ci, de renforcer la cohésion sociale à leur encontre.

Bien sûr, quand ils viennent dans un centre de soins, le plus souvent c’est que cette espèce d’écran, ou plutôt de miroir qui reflète une certaine idée de la normalité ne tient plus, pour tout un tas de raisons, c’est qu’ils ne peuvent plus faire semblant, et je crois que la dépendance au toxique, au Sorgenbrecher, « briseur de soucis » comme disait Freud, la pharmacodépendance c’est ne plus avoir à faire avec le semblant.

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Substitut-t’on ?

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Conclusion des Premières Rencontres de l’U.S.I.D.,  « Toxicomanies : Actualités et Traitements », DOUAI, Juin 1996.

Vous êtes venus nombreux à ces premières rencontres, vous êtes venus avec vos questions, vous êtes venus chercher des réponses, … et puis, vous allez peut-être repartir avec d’autres questions : eh bien, c’est ça la substitution !

La substitution, c’est l’action de substituer, c’est à dire de mettre une chose ou une personne en lieu et place d’une autre.

Alors, la question, ma question aujourd’hui, est de savoir ce que l’on fait, avec ces traitements dits de substitution : non pas seulement pourquoi substituer, pourquoi prescrire, mais qu’est-ce que c’est, qu’elle est cette chose ou cette personne qui est mise en lieu et place d’une autre ?

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