Byung-Chul Han : « La révolution virale n’aura pas lieu »

Source : Le Monde, 5-6 avril 2020
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Source : Libé, 06/04/20

Le philosophe allemand d’origine sud-coréenne Byung-Chul Han met en garde les Européens qui saluent les stratégies numériques mises en place par des pays asiatiques pour lutter contre la maladie. Le prix à payer est souvent exorbitant. Le virus n’a pas fait ralentir le capitalisme, mais il l’a mis en sommeil. L’Europe adoptera-t-elle un régime de surveillance numérique permanente à la chinoise ?

Tribune. Le coronavirus est un test système pour le logiciel étatique. Il semble que l’Asie parvient beaucoup mieux à juguler l’épidémie que ses voisins européens : à Hongkong, Taïwan et Singapour, on compte très peu de personnes contaminées et, pour la Corée du Sud et le Japon, le plus dur est passé. Même la Chine, premier foyer de l’épidémie, a largement réussi à endiguer sa progression. Depuis peu, on assiste à un exode des Asiatiques fuyant l’Europe et les Etats-Unis : Chinois et Coréens veulent regagner leur pays d’origine où ils se sentiront plus en sécurité. Le prix des vols explose, et trouver un billet d’avion pour la Chine ou la Corée est devenu mission impossible.

Et l’Europe ? Elle perd pied. Elle chancelle sous le coup de la pandémie. On désintube des patients âgés pour pouvoir soulager les plus jeunes. Mais l’on constate aussi qu’un actionnisme dénué de sens est à l’œuvre. La fermeture des frontières apparaît comme l’expression désespérée de la souveraineté des Etats, alors que des coopérations intensives au sein de l’Union européenne auraient un effet bien plus grand que le retranchement aveugle de ses membres dans leur pré carré.

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