
Depuis quarante ans le combat que mènent les psychanalystes principalement dans le champ de la santé mentale est très paradigmatique d’une certaine évolution de la culture dans les pays occidentaux et de ce que Freud appelait son « malaise ».
Reportons-nous en l’an mille neuf cent soixante-quinze : la psychanalyse est quasi hégémonique dans la psychiatrie, ses modèles psychopathologiques sont acceptés et utilisés par une majorité de praticiens, les autres pratiques qui se référent au comportementalisme sont minoritaires et les psychanalystes ont appris à travailler avec les progrès de la pharmacologie. Il existe pourtant déjà une ombre au tableau : les parents d’enfants autistes s’insurgent contre l’idée que l’autisme de leur enfant puisse être relié causalement à l’interaction précoce entre l’enfant et les parents ou à une faille dans le désir des parents, ils dénoncent l’effet culpabilisant de ces hypothèses non prouvées, ils sont persuadés que le point de départ de l’autisme est à situer dans un dysfonctionnement biologique d’origine génétique sans que que l’on sache l’enchaînement des causalités qui aboutissent à l’autisme et que les problèmes liés à l’interaction sont secondaires. L’histoire validera globalement leur thèse.