Benoit Peeters : « Sandor Ferenczi, l’enfant terrible de la psychanalyse »

Note de lecture de Jean-Pierre Lebrun

La biographie de Sandor Ferenczi par Benoît Peeters est particulièrement bienvenue en ces temps difficiles car, c’est loin d’être seulement un travail bien documenté sur le psychanalyste hongrois, très longtemps proche et même intime de Freud, auteur de Thalassa et d’un célèbre Journal clinique posthume. C’est plutôt à un parcours des “chemins de désir” – les architectes appellent ainsi les sentiers qui se forment progressivement sous les pas des marcheurs, des animaux ou des cyclistes, à côté des infrastructures prévues pour eux ; la plupart du temps, on les voit à peine – de celui qui a été appelé “l’enfant terrible de la psychanalyse” que nous convie l’auteur grâce à son talent de conteur.

Enfant terrible, autrement dit, certes, toujours enfant – “Je n’ai donc jamais été adulte”, écrit-il dans les dernières pages de son Journal –  mais enfant terrible parce que rien de la pratique de la cure, de ses avatars, de ses impasses ou de  ses avancées, n’échappait à sa vigilance et à ses préoccupations. L’actualité de son travail à cet égard est évidente et c’est bien ce que l’ouvrage de Benoît Peeters nous fait arpenter, ce qu’il résume d’ailleurs très bien en mettant en exergue de son livre la formule de Lou Andréas Salomé : “Le temps de Ferenczi doit venir”. Disons-le d’emblée : celui que Freud appelait son “paladin” et “grand vizir secret” est manifestement aujourd’hui des nôtres et rien que cela méritait bien qu’on reprenne son parcours. 

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