
Pour informer les esprits raisonnables
1933
Allemagne : Le 30 janvier, Adolphe Hitler est élu chancelier du Reich.
Février : Incendie du Reichstag à Berlin. M. Eitingon et S. Freud maintiennent l’existence de l’Institut psychanalytique de Berlin. Edith Jackson, membre de la DPG (Deutsche Psychoanalytische Gesellschaft), entre en résistance. Le 7 avril 1933 : Promulgation de la loi sur les ordonnances d’aryanisation des comités d’organisation nationale. Le 22, les médecins non-aryens sont exclus des caisses d’assurance maladie, la psychanalyse est attaquée comme « science juive ».
Le 6 mai, dans le fil des consignes d’aryanisation, F. Boehm et C. Müller-Braunschweig — par ailleurs « analyste didacticien » du fils de M. Göring, Ernst — proposent une aryanisation de la présidence de la DPG — ce dernier se donnera pour tâche de rendre conforme l’idéologie de l’institution au régime national-socialiste. La majorité des membres refuse cette modification (huit contres, cinq abstentions, deux pour).
Le 10 mai, les livres de S. Freud sont brûlés par les nazis, avec ceux de beaucoup d’autres auteurs, dont S. Zweig, B. Brecht et M. Hirschfeld. On entend proférer : « Contre la surestimation dégradante de la vie pulsionnelle ! Pour la noblesse de l’âme humaine, j’offre aux flammes les écrits d’un Sigmund Freud ! ». Le 18 novembre, Boehm et Müller-Braunschweig prennent la présidence de la DPG.
Le 22 mai : Mort de S. Ferenczi à Budapest. Freud répond à la lettre de condoléances de Jones : « Oui nous avons toutes les raisons de nous faire des condoléances. Notre perte est grande et douloureuse. Elle fait partie d’un changement qui renverse tout ce qui existe pour faire place à ce qui est nouveau. Ferenczi emporte avec lui une partie du passé (…) avec ma mort s’instaureront d’autre temps qu’il vous sera donné de connaître. Destin. Résignation. C’est tout. »
Le 28 mai Freud écrit à Oskar Pfsiter, « Notre horizon est très assombri par les événements d’Allemagne. Trois des membres de ma famille… sont à la recherche d’un nouveau foyer et n’en ont pas encore trouvé. La Suisse ne fait pas partie des pays d’accueil. Je n’ai guère sujet de changer mon jugement en ce qui concerne la nature humaine, spécialement l’aryano-chrétienne ».
Freud écrit le 10 juin : « L’Allemagne est la pire cellule de la gigantesque prison qu’est devenu le monde […] Ils ont commencé en prenant le bolchevisme pour leur mortel ennemi, mais ils finiront comme eux — à ceci près que, malgré tout, le bolchevisme a adopté des idéaux révolutionnaires alors que ceux de l’hitlérisme sont purement médiévaux et réactionnaires. »
Lire la suite