VI/ L’inconscient, c’est la politique

foucault

On peut se demander en quoi le néolibéralisme intéresse la psychanalyse. Et inversement, pourquoi le psychanalyste se désintéresserait du gouvernement des hommes ?

Nous avons vu que Freud, dans Le malaise dans la civilisation, décrit très précisément la similitude entre le processus civilisationnel et l’évolution de la libido chez chaque individu : Le Surmoi d’une époque culturelle donnée a une origine semblable à celle du Surmoi de l’individu[2].

À l’époque de Freud, c’était la religion, et notamment monothéiste, voire romaine, qui maintenait sous son joug les pulsions humaines : La religion porte préjudice à ce jeu d’adaptation et de sélection en imposant uniformément à tous ses propres voies pour parvenir au bonheur et à l’immunité contre la souffrance. Sa technique consiste à rabaisser la valeur de la vie et à déformer de façon délirante l’image du monde réel, démarches qui ont pour postulat l’intimidation de l’intelligence. À ce prix, en fixant de force ses adeptes à un infantilisme psychique et en leur faisant partager un délire collectif, la religion réussit à épargner à quantité d’êtres humains une névrose individuelle, mais c’est à peu près tout [3] Lire la suite