Psychologie clinique : ‘Enjeux de l’exil’

Présentation Ilaria Pirone, Jean-Jacques Tyszler, Olivier Douville

« Peut être que dans l’ombre rôdent déjà des géants, dont nous ignorons tout encore, prêts à s’asseoir sur les épaules des nains que nous sommes » Umberto Eco, Sur les épaules des géants

La mondialisation du marché et les violences des conflits et des guerres civiles sont deux facteurs propices à la circulation des personnes hors de leur pays d’origine, à la recherche pour beaucoup d’entre eux d’un lieu d’asile où la survie soit possible. Le terme de « réfugié » – dans le sens que donne à ce mot la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, désigne la personne qui a dû quitter le pays où elle a la nationalité ou dans lequel elle a sa résidence habituelle, redoutant avec raison d’être persécutée du fait de son appartenance communautaire, de sa religion, de son appartenance à telle ou telle minorité, ou, en raison de cette crainte, ne pouvant se réclamer de la protection de ce pays ou y retourner. Les personnes essayant d’obtenir le statut de réfugié sont appelées demandeurs d’asile. Les demandes d’asile faites dans les pays industrialisés se fondent le plus souvent sur des critères et des motifs politiques et religieux.

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« Malaise dans l’hospitalité » Jean-Jacques Tyszler

Il nous faut tristement reconnaître que la question des migrations fait basculer une partie de l’électorat vers une droite extrême et décomplexée quant au rejet de l’Étranger.
Les images à la frontière Biélorusse ou du centre de réfugiés en feu dans l’île grecque de Lesbos réveillent de manière fugace une culpabilité mais nous devons souligner cette pente à l’anesthésie affective ; les grands aliénistes utilisaient ce terme pour décrire un sujet qui n’est plus affecté par la présence de sa famille, ses proches, ses voisins.
Notre vision est comme sidérée par le chiffre des drames en mer ou dans les cols de montagne, les disparus par noyade ou épuisement.
Notre regard sait il encore considérer ?
En pleine crise sanitaire sont régulièrement remis à la rue les déboutés du droit d’asile, des familles entières souvent avec des enfants petits.
Même pour des exilés régularisés nous connaissons les délais vertigineux des rendez vous en préfecture pour les récépissés des papiers et leur renouvellement.
Les idéaux de la France comme  » Terre d’asile  » sont ils à ranger dans une période révolue de l’Histoire ?
Nous refusons cet état de fait et rappelons la mise en garde de Freud dans son texte, malheureusement si prophétique, de 1915,  » Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort  » :  » …nous trouvons légitime la mort des étrangers et des ennemis et nous les y condamnons avec autant d’empressement et aussi peu d’hésitation que l’homme des origines …Chaque jour, à chaque heure, dans nos motions inconscientes, nous écartons de notre chemin ceux qui nous gênent … »

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