Interventions de J. Lacan aux journées de l’EFP

Extraits

Jacques Lacan (auteur de Ecrits, tome 1) - Babelio

12/10/1968, Strasbourg

Les types qui dépavaient en mai étaient eux aussi la vérité : c’est pour ça que depuis on n’écrit dessus que des choses exécrables.

Une psychothérapie est un tripotage réussi, au lieu que la psychanalyse, c’est une opération dans son essence vouée au ratage. Et c’est ça qui est sa réussite.

Mai 1971, Aix-en-Provence

Il n’y a de trauma qu’au titre du signifiant, dont le sujet se déroute vers un signifié « pervers ».

02/11/1973, Montpellier

Si on pose une question, c’est qu’on en a la réponse. On n’a jamais posé des questions si on n’avait pas déjà la réponse.

La science, il est manifeste qu’elle ne propose que par la voie – c’est sa méthode, c’est son histoire, c’est sa structure – que par la voie de boucher les trous. Elle y arrive, elle y arrive toujours, ça veut dire quand elle y arrive.

Ce que véhicule la télévision, c’est l’objet a pour tous.

L’inconscient travaille sans y penser, ni calculer, ni juger non plus, et pourtant le fruit est là : un savoir qu’il ne s’agit que de défricher, puisqu’il consiste uniquement dans le chiffrage.

Qu’est-ce qu’il y a de plus commode que d’avoir un auteur pour vous véhiculer un petit bout du chemin ? Il est certain que moi comme tout le monde, on se sert de moi comme d’un auteur-stop.

29/10/1974, Rome

Mes écrits, je les ai pas écrits pour qu’on les comprenne, je les ai écrits pour qu’on les lise, ce qui n’est pas du tout pareil. (…) Ce que je constate par contre, c’est que même si on ne les comprend pas, ça fait quelque chose aux gens.

Ce serait vraiment un soulagement sublime si tout d’un coup on avait affaire à un véritable fléau, un fléau sorti des mains des biologistes, ce serait un triomphe, ça voudrait dire que l’humanité serait arrivée à quelque chose, sa propre destruction par exemple, c’est vraiment là le signe de la supériorité d’un être sur tout les autres, non seulement sa propre destruction mais la destruction de tout le monde vivant ! Ce serait vraiment le signe que l’homme est capable de quelque chose. Mais ça fout quand même un peu d’angoisse.

L’analyse s’occupe très spécialement de ce qui ne marche pas, c’est une fonction encore plus impossible que les autres, mais grâce au fait qu’elle s’occupe de ce qui ne marche pas, elle s’occupe de cette chose qu’il faut bien appeler par son nom, et je dois dire que je suis le seul encore à l’avoir appelée comme ça, et qui s’appelle le réel.

12/12 avril 1975, Paris

La pulsion est liée aux orifices corporels.

Si au mot ombilic (du rêve) on donne sa présence de nœud corporel, ça n’est pas commode à ceci prés tout de même que ce nœud a fermé, c’est quelque chose par quoi pendant un temps notable – neuf mois – tout ce qui est de la vie provenait. C’est un orifice qui s’est bouclé.

La formule que je donne comme spécifiant à proprement parler cet être que nous caractérisons d’avoir la parole (…) c’est au niveau de son réel, qui est là le 3ème terme, contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est bien comme formant des images, c’est-à-dire tout entier imaginaire, que le corps subsiste.

Ecrire un X et un Y qui seraient à proprement parler le sexe comme mâle et femelle, c’est ce qui manifestement nous ne pouvons pas faire. Il y a un rapport au phallus qui instaure un tiers irréductible.

Pour l’homme, une femme, c’est toujours un symptôme.

Le désir de l’homme, c’est l’enfer.

26/01/1975, Strasbourg

Freud a dit très tôt qu’il y a quelque chose qui fait trou, que c’est autour que se répartit l’inconscient et que cet inconscient a pour propriété de n’être qu’aspiré par ce trou, tellement bien aspiré qu’on n’a pas l’habitude, c’est bien le cas de le dire, d’en retenir même un petit bout, il fout le camp tout entier dans le trou. Parler de la Chose Freudienne comme constituée essentiellement par ce trou, ce trou qui a un site, un site dans le symbolique;

La castration, c’est une jouissance, parce que ça nous délivre de l’angoisse.

L’angoisse, c’est le moment où un petit bonhomme ou une future petite femme, s’aperçoit qu’il est marié avec sa queue.

Il n’y a pas d’autre définition de la drogue que celle-ci : c’est ce qui permet de rompre le mariage avec le petit-pipi.

Le principe de plaisir n’a strictement qu’une seule définition possible, c’est celui de la moindre jouissance… Moins on jouit, mieux ça vaut.

La psychanalyse est un symptôme, un symptôme social… c’est quand même un symptôme rassurant.

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