Interventions de J. Lacan aux journées de l’EFP

Extraits

Jacques Lacan (auteur de Ecrits, tome 1) - Babelio

12/10/1968, Strasbourg

Les types qui dépavaient en mai étaient eux aussi la vérité : c’est pour ça que depuis on n’écrit dessus que des choses exécrables.

Une psychothérapie est un tripotage réussi, au lieu que la psychanalyse, c’est une opération dans son essence vouée au ratage. Et c’est ça qui est sa réussite.

Mai 1971, Aix-en-Provence

Il n’y a de trauma qu’au titre du signifiant, dont le sujet se déroute vers un signifié « pervers ».

02/11/1973, Montpellier

Si on pose une question, c’est qu’on en a la réponse. On n’a jamais posé des questions si on n’avait pas déjà la réponse.

La science, il est manifeste qu’elle ne propose que par la voie – c’est sa méthode, c’est son histoire, c’est sa structure – que par la voie de boucher les trous. Elle y arrive, elle y arrive toujours, ça veut dire quand elle y arrive.

Ce que véhicule la télévision, c’est l’objet a pour tous.

L’inconscient travaille sans y penser, ni calculer, ni juger non plus, et pourtant le fruit est là : un savoir qu’il ne s’agit que de défricher, puisqu’il consiste uniquement dans le chiffrage.

Qu’est-ce qu’il y a de plus commode que d’avoir un auteur pour vous véhiculer un petit bout du chemin ? Il est certain que moi comme tout le monde, on se sert de moi comme d’un auteur-stop.

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J. LACAN : Psychanalyse et Médecine

16 février 1966, Collège de Médecine, Salpêtrière

Extraits choisis

Le médecin en prescrivant se prescrit lui-même (…) Le médecin dans son meilleur est aussi un philosophe.

Quand le malade est envoyé au médecin ou quand il l’aborde, ne dites pas qu’il en attend purement et simplement la guérison. Il met le médecin à l’épreuve de le sortir de sa condition de malade, ce qui est tout à fait différent, car ceci peut impliquer qu’il est tout à fait attaché à l’idée de la conserver. Il vient parfois nous demander de l’authentifier comme malade, dans bien d’autres cas il vient, de la façon la plus manifeste vous demander de le préserver de sa maladie, de la traiter de la façon qui lui convient à lui, celle qui lui permet de continuer d’être un malade bien installé dans sa maladie.

Un corps est quelque chose qui est fait pour jouir, jouir de soi-même.

La science est en train de déverser certains effets qui ne sont pas sans comporter quelques enjeux. Matérialisons-les sous la forme de quelques produits qui vont des tranquillisants aux hallucinogènes. Cela complique singulièrement le problème de ce qu’on a jusque-là qualifié d’une manière purement policière de toxicomanie. Pour peu qu’un jour nous soyons en possession d’un produit qui nous permette de recueillir des informations sur le monde extérieur, je vois mal comment une contention policière pourrait s’exercer.

Il y a un désir parce qu’il y a de l’inconscient, c’est-à-dire du langage qui échappe au sujet dans sa structure et ses effets, et qu’il y a toujours au niveau du langage quelque chose qui est au-delà de la conscience, et c’est là que peut se situer la fonction du désir.

Ce que j’appelle jouissance au sens où le corps s’éprouve, est toujours de l’ordre de la tension, du forçage, de la dépense, voire de l’exploit. Il y a incontestablement jouissance au niveau où commence d’apparaître la douleur.

Ce qui est inattendu, c’est que le sujet avoue lui-même sa vérité et qu’il l’avoue sans le savoir.

Si la santé devient l’objet d’une organisation mondiale, il s’agira de savoir dans quelle mesure elle est productive. Que pourra opposer le médecin aux impératifs qui le feraient l’employé de cette emprise universelle de la productivité ? Il n’y a d’autre terrain que ce rapport par lequel il est médecin, à savoir la demande du malade. C’est à l’intérieur de ce rapport ferme où se produisent tant de choses qu’est la révélation de cette dimension dans sa valeur originelle : le rapport à la jouissance du corps.

Le texte complet : http://aejcpp.free.fr/lacan/1966-02-16.htm

Jacques Lacan : lettre du 05/01/1980 aux membres de l’Ecole Freudienne de Paris

Je parle sans le moindre espoir – de me faire entendre notamment.

Je sais que je le fais – à y ajouter ce que cela comporte d’inconscient.

C’est là mon avantage sur l’homme qui pense et ne s’aperçoit pas que d’abord il parle. Avantage que je ne dois qu’à mon expérience.

Car dans l’intervalle de la parole qu’il méconnaît à ce qu’il croit faire pensée, l’homme se prend les pieds, ce qui ne l’encourage pas.

De sorte que l’homme pense débile, d’autant plus débile qu’il enrage… justement de se prendre les pieds.

Il y a un problème de l’école. Ce n’est pas une énigme. Aussi je m’y oriente, point trop tôt.

Ce problème se démontre tel, d’avoir une solution : c’est la dis – la dissolution.

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Jacques Lacan : lettre du 5/07/1969 au « Monde »

Veuillez, conformément à mon droit, publier en entier ces lignes.

Le Monde paru le jeudi 26 juin dans sa dernière édition change sa mise en page pour ajouter en caractère gras au compte rendu des incidente causés à l’École normale supérieure par l’interruption de mon cours les  » remarques  » de la direction de cette école.

Mes conférences sont, dit-elle,  » mondaines, incompréhensibles à quelqu’un de normalement constitué « , propos assez douteux pour faire rire, pas forcément à mes dépens.

Le jour même, sous le coup de réactions sur lesquelles lumière sera faite, M. Flacelière rétracte ces dires de la direction de l’école, dont je rappelle qu’en tant que directeur il est responsable. Il le fait d’un prétendu démenti, où il leur substitue une diffamation qualifiée à laquelle le Monde fait place le lendemain vendredi.

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