L’addiction de Freud, et non l’addiction à Freud !

En quoi l’invention de la psychanalyse, sa création, est-elle redevable des conduites addictives de son créateur, Sigmund Freud ? C’est connu, tout le monde le sait, Freud était barbu et fumait des gros cigares. Il a aussi fricoté avec la cocaïne, ce dont il ne s’est guère vanté par la suite. Y-a-t-il un lien entre la création de la psychanalyse et l’addiction de son inventeur ?
Nous sommes au printemps 1884, à Vienne. Freud est âgé de 28 ans, il est fiancé à Martha depuis 2 ans, et il se désespère de faire la grande découverte scientifique qui lui assurerait avenir financier et par-là, son mariage avec Martha. Depuis 1877, il s’emploie à des recherches histologiques sur le système nerveux dans le laboratoire du Prof. Brücke, en vain. C’est que Freud est animé d’un esprit avant tout scientifique, et c’est par pur pragmatisme financier qu’il s’est résolu aux études de médecine.
La cocaïne se répand alors dans les milieux culturels et une partie de la « bonne société ». C’est un médecin italien, Paolo Mantegazza, qui l’intronise en Europe en 1859, de retour d’un voyage au Pérou. Jusqu’alors, la substance fétiche des Incas n’avait guère fait l’objet de la curiosité scientifique des colonisateurs de l’Amérique du Sud. Cette même année 1859, c’est à un biochimiste viennois qu’il revient d’isoler pour la première fois le principe actif de la feuille de coca. Sa production industrielle devient alors possible, et les expérimentations médicales européennes commencent timidement.
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