
Intervention à la Troisième Congrès de la Fondation Européenne pour la Psychanalyse, « Lien social et déliaison sociale », Bruxelles, 9/10/11 novembre 1996.
Je suis toujours étonné de rencontrer si peu de marginaux, ceux de mes lectures sans doute, car la plupart demeurent, ou restent fixés, si j’ose dire, à un âge avancé chez papa et maman, chez maman surtout ; beaucoup travaillent, certains étudient, font du sport, de la musique, fricotent avec un petit copain ou une petite amie, bref, arrivent à maintenir comme cela pendant longtemps une apparence de conformité sociale.
Alors, dans le même temps, les colonnes des journaux s’emplissent de faits délictueux qui leur sont reprochés, des cités et des quartiers entiers survivent de l’économie parallèle générée par la drogue, et fait troublant, les toxicomanes ont ce rare privilège avec une certaine perversion dont il est beaucoup question dans ce pays ces jours-ci, de renforcer la cohésion sociale à leur encontre.
Bien sûr, quand ils viennent dans un centre de soins, le plus souvent c’est que cette espèce d’écran, ou plutôt de miroir qui reflète une certaine idée de la normalité ne tient plus, pour tout un tas de raisons, c’est qu’ils ne peuvent plus faire semblant, et je crois que la dépendance au toxique, au Sorgenbrecher, « briseur de soucis » comme disait Freud, la pharmacodépendance c’est ne plus avoir à faire avec le semblant.
