
Dans son livre « Le malaise dans la civilisation », Freud établit un parallèle entre l’évolution psychique de l’individu et les progrès de la civilisation.
L’histoire de l’occident décrit ainsi une évolution, de l’organisation clanique pré-historique, forcément incestuelle ; à la royauté et le règne du Pater Familias, incarnation du Dieu unique ; puis à la démocratie bourgeoise post-révolutionnaire, qui engendra le capitalisme par la grâce du développement industriel.
Au temps de ce capitalisme triomphant, les familles élargies traditionnelles se dissolvent et se dispersent aux grès des opportunités d’emploi. C’est ainsi que naissent dans le même temps les états nations et la famille nucléaire, limitée aux géniteurs et leur progéniture.
Nous voyons ici à l’œuvre l’éternelle lutte entre Eros et Thanatos, la pulsion de vie et la pulsion de mort, décrites par Freud comme étroitement intriquées dans le psychisme humain. D’un côté, on assiste à l’agrégation continue des communautés humaines jusqu’au processus de mondialisation civilisationnel que nous connaissons aujourd’hui ; et d’un autre côté, à la désintégration de l’enracinement culturel et du lien familial des individus.
Nous sommes en quelque sorte au temps du processus d’individuation – séparation de la civilisation, processus qui, chez le sujet en devenir, lui permet d’acquérir une personnalité un tant soit peu détachée des oripeaux parentaux, et apte à investir en son nom propre l’environnement social.
Pour autant, la civilisation continue sa progression. Jacques Lacan et Michel Foucault –entre autres- ont théorisé dans les années soixante-dix l’évolution actuelle. Soit, la prise de pouvoir de l’économie sur le politique ; et l’atomisation des sujets à la recherche éperdue d’une jouissance intrinsèquement éphémère.
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