L’enfant terrible de la psychanalyse

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Nous reprenons ces séances du séminaire consacrées aux « Ecrits techniques de Freud », que Jacques Lacan consacre à son contemporain Michael Balint. Balint est le fils d’un médecin hongrois, le Dr Bergsmann, et lui-même est diplôme de neuropsychiatrie, de philosophie, de physique-chimie et de biologie. Sa première épouse, Alice Székely-Kovacs est-elle formée à l’anthropologie. Tous 2 entament une cure avec Hanns Sachs à Berlin en 1921 puis, mécontents, ils rentrent à Budapest pour le divan de Sandor Ferenczi. C’est à la fin des années 20 qu’il prend le nom de Balint.

Il émigre en 1939 en Angleterre, d’abord à Manchester, puis après la guerre à Londres. De 1950 à 1953, Balint occupe le poste de secrétaire scientifique de la Société Britannique de Psychanalyse -dont il prendra la présidence en 1968. Michael Balint se tenait prudemment à l’écart des querelles entre Mélanie Klein et Anna Freud.

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De la reconnaissance comme effet de miroir

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Reprenons l’étude de ce premier séminaire public de Jacques Lacan avec l’expérience du bouquet renversé d’Henry Bouasse. Dans un premier temps, l’expérience apparaît comme la métaphore de la constitution imaginaire du Moi, en tant qu’image unifiée prématurément du Sujet. En effet, le vase caché dans la boîte et les fleurs ne s’unissent que dans l’image virtuelle du miroir concave. Métaphore donc du sujet primitif au corps morcelé, aux prises avec l’anarchie pulsionnelle, qui appréhende dans le miroir une image unifiée de lui-même, telle qu’il y est désigné, nommé.

Mais les choses et l’appareil psychique en l’occurrence, ne sont pas si simples, et Lacan va complexifier quelque peu l’expérience en y introduisant un miroir plan. Le sujet, symbolisé par l’œil, se tient maintenant du côté du miroir concave et il peut percevoir l’unicité de l’image dans le miroir plan, à condition qu’il n’accommode pas son regard sur les fleurs réelles. Cette nouvelle métaphore introduit à de nouvelles notions :

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Le sujet de la psychanalyse

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Si Jacques Lacan s’attarde sur le texte de 1914 de Sigmund Freud, « Pour introduire la narcissisme », pourtant antérieur aux « Ecrits techniques » qui donnent le titre éponyme de son premier séminaire public, c’est qu’avec l’étude de la résistance et du transfert à l’œuvre dans la cure psychanalytique, se dévoile le sujet de l’inconscient, en tant que sujet de la parole, le sujet tel qu’il s’appréhende dans l’expérience psychanalytique. Parce que c’est en tant que le sujet parle qu’il résiste et qu’il transfère. Le sujet parlant lacanien, ce n’est pas le sujet de la philosophie, ni de la médecine, ni de la psychologie, le sujet en tant qu’il parle est la spécificité même de la psychanalyse.

Nous avons vu lors des séances précédentes que le sujet est une fonction symbolique, le sujet est avant tout un sujet parlé, il est parlé bien avant même de naître. Le sujet est parlé par ses géniteurs, sa famille, son environnement et les lois qui y sont en vigueur. Avant même qu’il ne parle, le sujet parlant est un sujet parlé, il naît dans un bain de signifiants, autant de « cadres pré-formés », balisant son être au monde, l’appréhension de la réalité et sa structuration psychique. Cette aliénation au signifiant est originelle, pathognomonique de l’être parlant. Il s’agit d’un enrichissement de la théorie psychanalytique freudienne par l’anthropologie levy-straussienne. Lacan énonce ici un Surmoi qui dépasse largement la conception freudienne d’une instance de contrôle forgée par l’intériorisation des interdits parentaux. Le sujet parlé est une fonction symbolique, le Surmoi en tant que cadre, contenant, dans lequel le sujet parlant, celui de la psychanalyse, se constitue.

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L’efficacité symbolique

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La séance du 10 février 1954 du premier séminaire public de Lacan, sur laquelle nous nous arrêtons aujourd’hui, occupe une place particulière dans le cursus lacanien à plus d’un titre. Ainsi, il en existe 2 versions, celle de J. A. Miller parue au Seuil en 1975, et la version écrite de la main même de Jacques Lacan en 1956, publiée dans le premier numéro de la revue théorique de la toute nouvelle Société Française de Psychanalyse et reprise telle quelle dans les « Ecrits » en 1966. Cette seconde version, la première chronologiquement, est présentée comme une « transposition amplifiée » de la séance. Dans ce N° 1 de « La Psychanalyse », elle cohabite avec un texte du linguiste Benveniste, « Remarques sur la fonction du langage dans la découverte freudienne », et une traduction par Lacan même de la conférence de Heidegger sur Héraclite intitulée « Logos », entre autres articles.

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Le retour à Freud de Lacan

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Au temps de son amitié avec Wilhelm Fliess, Freud s’adonnait volontiers à la numérologie, qui passionnait le médecin berlinois.

Le thème du séminaire de cette année se prête volontiers à un petit exercice de numérologie. C’est à l’abord de la cinquantaine que Freud commence à rédiger des petits écrits techniques, 48 ans exactement en 1904 ; et cinquante ans plus tard lorsque Lacan les commente, il est âgé de 52 ans. Nous voici en 2006, un peu plus de 50 ans après Lacan, lorsque nous abordons, nous aussi ces textes à l’âge qu’ils avaient alors tous 2. Mais au-delà de « l’âge du capitaine », ce cycle cinquantenaire correspond également à des moments clefs de l’histoire de la psychanalyse.

En 1904, la théorie freudienne commence à connaître quelque succès, obligeant son auteur à en fixer quelques règles. En 1953, Lacan qui occupait la présidence de la Société Psychanalytique de Paris, s’en exclu à la suite de divergences quant à la pratique des cures didactiques. Aujourd’hui, depuis l’année 2004, le landernau psychanalytique français se déchire à propos de la réglementation étatique des psychothérapies… Numérologie, quand tu nous tiens…

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