
Le séminaire que Jacques Lacan tient en 1961-62 sur l’identification a ceci de particulier, qu’il ne comporte pas de théorie unifiée de l’identification. Il le dit, et le répète, il ne s’intéresse qu’à la seconde des 3 identifications freudiennes, que Freud qualifie d’identification régressive à l’einziger zug, par laquelle le moi emprunte à l’objet un seul trait, un trait partiel, généralement physique : un détail corporel, une intonation, un geste, une expression. Ce que Lacan traduit trait unaire, qui comme tel réduit l’objet à un seul trait, à une marque qui spécifie l’objet pour le sujet qui se l’approprie. Après l’avènement de l’identification imaginaire, moïque, paranoïaque du stade du miroir, Lacan cherche les voies de l’identification symbolique. L’entreprise ne s’avérera pas si simple, et même si je m’abstiendrais de reprendre comme il le fait en long et en large le graphe du désir, de la même façon que je ne m’engagerais guère sur la topologie du tore, alors florissante, ces 2 inventions lacaniennes pourraient, chacune d’elle, faire l’objet de plus d’une année de séminaire ; le travail de déchiffrement qu’effectue cette année là Lacan dépasse de loin son objectif. Nous avons déjà vu que l’identification à l’image du miroir se doublait d’une nomination, c’est toi, là, dans le miroir, ce qui indique d’emblée l’intrication des phénomènes identificatoires chez l’être parlant.

