Du phallus maternel à la loi phallique

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L’invention de la psychanalyse permet d’aborder la névrose comme une question posée par l’être parlant au niveau de sa subjectivité même, en tant qu’il se trouve inéluctablement aliéné par la parole. Cette question sera celle du sexe, de la différence sexuelle pour l’hystérique, alors que pour l’obsessionnel, ce sera la question de son existence même, et de son sens : les symptômes se laissent comprendre comme les éléments vivants de cette question articulée sans que le sujet sache ce qu’il articule. Lacan indique ici on ne peut plus clairement en quoi la névrose est une langue, une langue à déchiffrer à la façon dont on traduit un texte.

Quelle est donc la question posée par le symptôme phobique ? Pour Freud, l’enjeu de la phobie est celui du complexe de castration et de la résolution du complexe d’œdipe. Dans « Inhibition, Symptôme et Angoisse », lorsqu’il fait de l’angoisse de castration le prototype de toute angoisse et le moteur du refoulement, Freud désigne également le symptôme phobique comme un moment du complexe d’œdipe et de la castration. En quelque sorte, un passage obligé dans le procès en subjectivation de l’être parlant.

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Pierre Mâle : la magie relationnelle de l’adolescent.e

Pierre MalePhilippe GUTTON considère Pierre MALE comme « le WINNICOTT de l’adolescence ». WINNICOTT (1896-1970) était pédiatre de formation, et analysé, entre autres par James STRACHEY et Michael BALINT, il a marqué la psychanalyse des enfants, notamment par la notion d’espace transitionnel. Membre du groupe dit des « indépendants », WINNICOTT s’est toujours tenu à l’écart de la querelle entre Mélanie KLEIN et Anna FREUD à propos de la psychanalyse des enfants, qui était alors l’apanage de l’école freudienne anglaise. En somme, dans l’institution analytique anglo-saxonne, il occupait une position tierce, neutre dans le sens où il ne participait pas aux différents théoriques mais avançait tranquillement ses propres conceptualisations issues d’une pratique assidue auprès des enfants. Une pratique qui justement, privilégiait la création d’un espace transitionnel, d’un lieu tiers entre l’enfant et ses parents.

Avec Pierre MALE, nous allons retrouver cette tierceté, non pas tant entre les parents et l’adolescent, mais entre ce qu’il appelle l’extérieur, le social, l’école ou la famille; et l’intérieur, c’est à dire le fonctionnement psychique propre de l’adolescent, travaillé par l’intrusion de la réalité sexuelle, « ce matériau en fusion qui n’a pas encore trouvé sa vraie forme ».

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X/ Marx avec Lacan

Marx

 « Je ferai appel à Marx, dont j’ai eu beaucoup de peine, importuné que j’en suis depuis longtemps, à ne pas plus tôt introduire le propos dans un champ où il est pourtant parfaitement à sa place »[1]

Nous sommes en 1968, quelques mois après les événements. Jacques Lacan tient son seizième séminaire, « D’un Autre à l’autre », le dernier à l’Ecole Nationale Supérieure de la rue d’Ulm. Il y était accueilli depuis 1964 à l’invitation de Louis Althusser[2] et il y avait rencontré la jeune garde estudiantine maoïste qui assistait au séminaire et qui publiait les « Cahiers pour l’analyse ».

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Le travail du rêve suit les lois du signifiants

« Dans le rêve ne l’intéresse que son élaboration. Qu’est-ce à dire ? Exactement ce que nous traduisons par la structure de langage.

Comment Freud s’en serait-il avisé, puisque cette structure par Ferdinand de Saussure n’a été articulée que depuis ? Si elle recouvre ses propres termes, il n’en est que plus saisissant que Freud l’ait anticipée »  Jacques Lacan[1]

Avant Freud, seul le contenu manifeste du rêve, tel qu’il se présente au réveil, faisait l’objet des investigations des oniromanciens et de la plupart des philosophes.

Le procédé d’analyse des rêves qu’introduit Freud met en évidence le contenu latent, soit les pensées du rêve qui le conditionnent dans les dessous : « C’est à partir de ces pensées latentes et non à partir du contenu manifeste que nous cherchons la solution ».

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Néolibéralisme et Jouissance

Dans son livre « Le malaise dans la civilisation », Freud établit un parallèle entre l’évolution psychique de l’individu et les progrès de la civilisation.

L’histoire de l’occident décrit ainsi une évolution, de l’organisation clanique pré-historique, forcément incestuelle ; à la royauté et le règne du Pater Familias, incarnation du Dieu unique ; puis à la démocratie bourgeoise post-révolutionnaire, qui engendra le capitalisme par la grâce du développement industriel.

Au temps de ce capitalisme triomphant, les familles élargies traditionnelles se dissolvent et se dispersent aux grès des opportunités d’emploi. C’est ainsi que naissent dans le même temps les états nations et la famille nucléaire, limitée aux géniteurs et leur progéniture.

Nous voyons ici à l’œuvre l’éternelle lutte entre Eros et Thanatos, la pulsion de vie et la pulsion de mort, décrites par Freud comme étroitement intriquées dans le psychisme humain. D’un côté, on assiste à l’agrégation continue des communautés humaines jusqu’au processus de mondialisation civilisationnel que nous connaissons aujourd’hui ; et d’un autre côté, à la désintégration de l’enracinement culturel et du lien familial des individus.

Nous sommes en quelque sorte au temps du processus d’individuation – séparation de la civilisation, processus qui, chez le sujet en devenir, lui permet d’acquérir une personnalité  un tant soit peu détachée des oripeaux parentaux, et apte à investir en son nom propre l’environnement social.

Pour autant, la civilisation continue sa progression. Jacques Lacan et Michel Foucault –entre autres- ont théorisé dans les années soixante-dix l’évolution actuelle. Soit, la prise de pouvoir de l’économie sur le politique ; et l’atomisation des sujets à la recherche éperdue d’une jouissance intrinsèquement éphémère.

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FREUD ADDICT ?

L’addiction de Freud, et non l’addiction à Freud !

En quoi l’invention de la psychanalyse, sa création, est-elle redevable des conduites addictives de son créateur, Sigmund Freud ? C’est connu, tout le monde le sait, Freud était barbu et fumait des gros cigares. Il a aussi fricoté avec la cocaïne, ce dont il ne s’est guère vanté par la suite. Y-a-t-il un lien entre la création de la psychanalyse et l’addiction de son inventeur ?

Nous sommes au printemps 1884, à Vienne. Freud est âgé de 28 ans, il est fiancé à Martha depuis 2 ans, et il se désespère de faire la grande découverte scientifique qui lui assurerait avenir financier et par-là, son mariage avec Martha. Depuis 1877, il s’emploie à des recherches histologiques sur le système nerveux dans le laboratoire du Prof. Brücke, en vain. C’est que Freud est animé d’un esprit avant tout scientifique, et c’est par pur pragmatisme financier qu’il s’est résolu aux études de médecine.

La cocaïne se répand alors dans les milieux culturels et une partie de la « bonne société ». C’est un médecin italien, Paolo Mantegazza, qui l’intronise en Europe en 1859, de retour d’un voyage au Pérou. Jusqu’alors, la substance fétiche des Incas n’avait guère fait l’objet de la curiosité scientifique des colonisateurs de l’Amérique du Sud. Cette même année 1859,  c’est à un biochimiste viennois qu’il revient d’isoler pour la première fois le principe actif de la feuille de coca. Sa production industrielle devient alors possible, et les expérimentations médicales européennes commencent timidement.

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Jean-Pierre Lebrun : « Le Burnout : une désaturation réelle »

Intervention à la 13ème journée de l’addictologie de Douai, le 29/09/2016

J’ai pensé que je ferais avec vous, si vous le permettez, le travail que j’ai fait dans ma tête de psychiatre et de psychanalyste lorsque j’ai été confronté pour la première fois à cette appellation de « burnout »

J’ai dit que je ferais avec vous, « le travail ». Cela veut dire que je me situe dans le registre d’un « travail » ; je n’ai pas dit qu’il s’agissait d’un « emploi ». Simplement parce que – il y a un petit livre que je vous conseille de Bernard Stiegler qui s’appelle « La fin du travail » – il n’est pas impossible que nous soyons en train d’assister, mine de rien, à ce que ce ne soit plus le travail qui soit le problème, mais justement à ce que ce travail soit aujourd’hui réduit à n’être plus qu’un emploi. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Entre les deux, en passant du travail à l’emploi, vous avez gommé le travail de subjectivation, l’assomption par le sujet de cette part de lui-même que représente et que conditionne toujours son « travail ». Pour le dire simplement, le travail ce n’est donc pas qu’avoir un travail ; c’est « être » au travail. Et tant mieux si en plus, cela me donne de l’emploi. En revanche, avoir un emploi n’implique pas d’emblée d’être au travail. Cette précision peut déjà être utile pour nous aider à repérer les enjeux du burnout.

Ma première réaction quand j’ai eu affaire à ce terme de « burnout » a été de devoir faire face, voire même tout de suite de contredire les collègues psychanalystes qui, de cette nouvelle appellation – parce qu’elle date de 1985, quelque chose comme ça – c’est le cas de le dire, n’avaient nullement « cure ».

En fait, cette appellation, selon d’aucuns, daterait de 1969 ; Harold. B Bradley aurait été la première personne à désigner, dans son article « Community-based treatment for young adult offenders », un stress particulier lié au travail sous le terme de burnout. Ce terme est ensuite repris en 1974 par le psychanalyste Herbert J. Freudenberger puis par la psychologue Christina Maslach en 1976 dans leurs études des manifestations d’usure professionnelle.

Mais pour la majorité des psychanalystes, il n’y avait que la cure et ce mot de « burnout » n’était en somme qu’un mot de plus de cette novlangue qui était en train de s’emparer de nous sous l’égide du management. Il n’y avait donc pas de raison de céder à cela ; le burnout n’aurait désigné rien d’autre que la fatigue, l’épuisement … Ce n’aurait été nullement une pathologie nouvelle mais simplement une nouvelle nomination d’un symptôme par ailleurs connu depuis longtemps. Et il est vrai que de plus en plus de gens s’en prévalent, de ce burnout, comme pour légitimer, voire justifier un moment de fatigue ou d’évitement.

Quand vous savez que la dépression est souvent taxée de lâcheté morale, on peut aussi dire que, d’une certaine façon, il n’est pas impossible que faire appel au burnout pourrait pour certains venir légitimer qu’ils en ont simplement assez de leur fonctionnement.

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Jean Perin : « Une justice qui ne serait pas du semblant »      

Intervention à la 11ème journée de l’addictologie de Douai, le 27/09/2012

C’est un titre un peu en l’honneur de Marcel Czemak , lui qui nous avait fait un séminaire très intéressant  pendant toute une année je crois sur une psychiatrie qui ne serait pas du semblant . L’intérêt, ce n’est pas de faire un texte à l’imitation de Marcel , c’est simplement de faire un travail sur le droit, sur la justice avec ce concept de J. Lacan : le Semblant

C’est vrai que les juristes n’ont pas ce signifiant là cela dit ils n’ignorent rien, bien sûr, mais ils n’ont pas « le concept »et ça, c’est à mettre au crédit de la psychanalyse lacanienne. Tout de suite,simplement,comme cela, en batifolant un peu, d’une justice qui ne serait pas du semblant , ça voudrait dire que la justice c’est du semblant, et ça, on l’admet facilement. Alors une justice qui ne serait pas du semblant, en utilisant le mot semblant comme ça, en langage ordinaire, et bien qu’est ce que cela serait pour vous, vous seriez tout de suite capables de répondre, et bien cela serait une justice qui serait totalement injuste,il faut dire ce qui est , là on condamnerait à mort à tout va , ça évoque les procès de Moscou, tous ces juges qui ne motivent pas leurs décisions et ce qui se passe actuellement, sous l’apellation des « peines plancher ». Enfin les petits voyous de banlieue on va les mater et les juges ne pourront plus avoir la liberté de prononcer la peine.  Vous savez que les juges se sont révoltés parce que c’est leur attribution, la peine, entre un maximun et un minimun, et parfois le minimun c’est zéro parce que le juge estime qu’il n’y a pas à poursuivre. C’est cela qui tout de suite nous vient à l’idée.

Ensuite,qu’est ce qu’on va dire de la justice ? que le juge, que la justice, elle est rendue .Le juge rend la justice, alors un juriste extrêmement important, François Terré qui  a fait un article là-dessus disant, on rend la justice, le juge rend la justice, il l’avait donc volée. Donc la justice aurait été volée au peuple et il faut la lui rendre. Voyez que les juristes ne manquent pas d’humour. Qu’est ce qu’on peut dire encore si on veut creuser un petit peu cette notion en jetant un coup d’oeil du coté de Lacan en étant un peu au milieu, ce serait de dire au fond , le juge, il rend la justice, mais quand il prend une décision, il fait un acte, la décision de justice, c’est un acte au sens de Lacan qui a dit que le testament était un acte, il est un acte au moment du décès, car on peut toujours révoquer un testament; jusqu’à l’heure de la mort le testament peut être révoqué mais à l’ultime minute là, il est un acte. Déjà cela nous permet de comprendre un peu les choses, c’est un acte et quand cet acte est lu, très souvent, il mécontente tout le monde .C’est à dire que la justice est assez délicate et cependant, une fois que l’arrêt est rendu, c’est terminé. On dira que par rapport au semblant , ça fait vrai, on dira ça comme ça, je dirais pas que c’est vrai, c’est difficile de dire que le droit et la vérité soient en coïncidence, pas du tout. Donc, c’est un faire, un faire vrai. Et là encore notre vocabulaire des concepts psychanalytiques et notamment ceux du semblant viennent éclairer le droit et l’éclairer même très bien. Parce que  c’est vrai, bon, il n’y a plus de discussion, une fois que les appels sont terminés, car il y a toujours possibilité de faire appel d’une décision. Mais une fois qu’elle est rendue en dernier ressort, c’est fini. Voilà tout, tout le monde est d’accord et puis c’est tout.

       Voilà donc ce qu’il y avait à dire , en entrée en matière. Le semblant, Lacan en parle la première fois dans le séminaire L’Angoisse , il en parle jusqu’à la fin, jusqu’au séminaire L’insu que sait. Et il en parle à propos de l’importance de l’homme, c’est à dire le fait pour un homme de faire semblant d’être homme, de faire l’homme. C’est ça pour lui le semblant, le faire- l’homme pour lui correspond du côté féminin à la mascarade. Donc cet aspect sexuel du semblant est tout à fait intéressant . Et nous prendrons des exemples de délits sexuels . Et je vous parlerais tout à l’heure du harcèlement sexuel puisque vous savez que l’article 322-33 du code pénal vient d’être annulé par le Conseil constitutionnel et que Monsieur Hollande déjà s’emploie à rétablir la loi et à réécrire la loi.

 La justice , Lacan comme vous le savez en a parlé dans le Séminaire L’Envers de la psychanalyse mais là Lacan   vise la justice institutionnelle , il est à la Faculté de Droit où il a été admis à faire ses conférences. Voyez la différence . Un « gosse » a le sentiment de la justice quand il dit : c’est injuste , même un petit môme, tout de suite, il vise l’ordre phallique, tout de suite, c’est à dire qu’il est lésé de ce côté là , surtout un garçon. Donc, là c’est une justice qui est une justice intérieure, puisque les philosophes connaissent bien , comme Kant , mais là ce n’est pas la philosophie qui nous intéresse, c’est vraiment l’institution visée par Lacan, l’institution judiciaire. Ce texte est intéressant parce qu’on  peut se demander si c’est la justice qui précède la loi, le droit, puisqu’il assimile le droit, la loi, ou si c’est la loi qui serait avant la justice. Il y a là un problème intéressant. Il y a des anthropologues juristes qui ont pensé que le droit était né du juge.

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Sidonie Csillag, la jeune homosexuelle de Freud

« Sur la psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine » est daté de 1920, cet article de Freud relate le cas d’ « une jeune fille de dix-huit ans, belle et intelligente, issue d’une famille socialement haut placée » qui le consulte quelques mois en 1919.

D’emblée, Freud « avait plusieurs raisons de se sentir mal à l’aise ». C’est que, d’une part, la demande émane des parents : « Il n’est pas indifférent qu’un être humain vienne à l’analyse de son propre mouvement ou qu’il le fasse parce que d’autres l’y amènent » ; et, d’autre part part, cette jeune fille s’avère asymptomatique : elle « n’était pas malade – elle ne souffrait pas pour des raisons internes, elle ne se plaignait pas de son état ».

Autant dire que l’affaire s’annonce mal, mais Freud n’est guère en mesure de refuser un coup de pouce financier : « La vie à Vienne devient de plus en plus difficile ; on a du mal à se nourrir et plus encore à se chauffer ; et la spéculation et l’inflation rendent les pénuries d’autant plus intolérables (…) Freud se plaint à ses amis proches, surtout en hiver : ils n’ont pas, lui et sa famille, de quoi manger à leur faim, et il est là, dans son bureau glacial, à s’efforcer d’écrire, les doigts gourds »[1].

Il existe une autre raison, dont Freud ne parle pas, pour qu’il s’intéresse à l’homosexualité féminine. C’est qu’à cette époque, il est préoccupé par la question de l’homosexualité féminine de sa propre fille Anna, qui est en analyse avec lui depuis plus d’un an.

Le cas de la jeune homosexuelle

Cette jeune fille de bonne famille est éprise d’une femme de petite vertu, de dix ans son aînée, « une cocotte », bisexuelle notoire. Freud note ce que l’on nommerait aujourd’hui un clivage : autant elle pouvait s’afficher avec publiquement avec la dame bien aimée aux yeux de tout Vienne ; autant « toutes les roueries, tous les faux-fuyants, tous les mensonges lui étaient bons pour organiser à leur insu ses rencontres avec elle ».

Si cette situation irrite le père, « un homme grave et respectable », elle n’indispose guère la mère, « une femme encore dans la jeunesse et qui manifestement ne voulait pas renoncer à la prétention de plaire elle-même par sa beauté ».

La jeune fille semblait avoir eu un développement conforme aux préceptes freudiens de l’époque : « Dans ses années d’enfance, la jeune fille était passée par la position normale du complexe d’Œdipe féminin ». Ainsi, vers 13-14 ans, elle prit en affection un petit garçon de trois ans au point qu’elle voyait régulièrement dans un square : « elle était alors dominée par un puissant désir d’être mère elle-même et d’avoir un enfant ».

Elle est âgée de 16 ans lorsque sa mère met au monde un troisième frère : « Auparavant sa libido avait pris comme position la maternité, après cela elle fut une homosexuelle s’éprenant de femmes mûres, ce qu’elle est restée depuis ».

Ce qui devait arrivait arriva. Alors qu’elle se promenait avec la dame à proximité du bureau de son père, elle le croise et il leur lance un regard furieux : « Quelques instants plus tard elle se précipitait sur la voie du chemin de fer urbain ». C’est que la dame, ne voulant pas d’histoires, lui avait intimé l’ordre de mettre fin à leur relation.

C’est après cette tentative de suicide que les parents font appel à Freud.

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Religion Privée Et Retour Du Refoule Religieux

Intervention aux 9èmes Rencontres de Douai « Addiction et Religion », le 2 octobre 2008

L’addiction, tout comme la religion, est une invention spécifiquement humaine. L’addiction, en quelque sorte, réactive l’extrême dépendance dans laquelle l’homme vient au monde, dépendance extrême qui est assez spécifique à l’être humain, et la religion parce qu’à partir du moment où l’homme est habité par le langage, est un être parlant, il nomme et tente de donner du sens à ce qu’il trouve autour de lui.

En toute première analyse, la religion, c’est avant tout donner du sens à ce qui dépasse l’entendement humain, c’est-à-dire la mort.

L’étymologie même du mot religion qui vient du latin « religare », signifie faire un lien, relier. Une religion est en quelque sorte un contrat social, une sorte de consensus au sens à donner au mystère qui nous entoure, voire un dogme qui s’impose aux membres d’une même tribu, d’une même culture, voire une civilisation commune.  Avec la mondialisation des échanges et les projets scientifiques, nous comprenons comment l’humanité est passée du polythéisme localisé au monothéisme mondialisé, c’est-à-dire des dieux au Dieu.

Seulement, avec la révolution industrielle, la fin de l’idéal théocratique, vous assistez à la fin aussi de l’emprise religieuse en quelque sorte, pour reprendre Nietzsche qui écrivait en 1882 « Dieu est mort », pour rendre compte par une formule très concise de l’obsolescence du fait religieux à l’ère de la modernité.

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