Sidonie Csillag, la jeune homosexuelle de Freud

« Sur la psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine » est daté de 1920, cet article de Freud relate le cas d’ « une jeune fille de dix-huit ans, belle et intelligente, issue d’une famille socialement haut placée » qui le consulte quelques mois en 1919.

D’emblée, Freud « avait plusieurs raisons de se sentir mal à l’aise ». C’est que, d’une part, la demande émane des parents : « Il n’est pas indifférent qu’un être humain vienne à l’analyse de son propre mouvement ou qu’il le fasse parce que d’autres l’y amènent » ; et, d’autre part part, cette jeune fille s’avère asymptomatique : elle « n’était pas malade – elle ne souffrait pas pour des raisons internes, elle ne se plaignait pas de son état ».

Autant dire que l’affaire s’annonce mal, mais Freud n’est guère en mesure de refuser un coup de pouce financier : « La vie à Vienne devient de plus en plus difficile ; on a du mal à se nourrir et plus encore à se chauffer ; et la spéculation et l’inflation rendent les pénuries d’autant plus intolérables (…) Freud se plaint à ses amis proches, surtout en hiver : ils n’ont pas, lui et sa famille, de quoi manger à leur faim, et il est là, dans son bureau glacial, à s’efforcer d’écrire, les doigts gourds »[1].

Il existe une autre raison, dont Freud ne parle pas, pour qu’il s’intéresse à l’homosexualité féminine. C’est qu’à cette époque, il est préoccupé par la question de l’homosexualité féminine de sa propre fille Anna, qui est en analyse avec lui depuis plus d’un an.

Le cas de la jeune homosexuelle

Cette jeune fille de bonne famille est éprise d’une femme de petite vertu, de dix ans son aînée, « une cocotte », bisexuelle notoire. Freud note ce que l’on nommerait aujourd’hui un clivage : autant elle pouvait s’afficher avec publiquement avec la dame bien aimée aux yeux de tout Vienne ; autant « toutes les roueries, tous les faux-fuyants, tous les mensonges lui étaient bons pour organiser à leur insu ses rencontres avec elle ».

Si cette situation irrite le père, « un homme grave et respectable », elle n’indispose guère la mère, « une femme encore dans la jeunesse et qui manifestement ne voulait pas renoncer à la prétention de plaire elle-même par sa beauté ».

La jeune fille semblait avoir eu un développement conforme aux préceptes freudiens de l’époque : « Dans ses années d’enfance, la jeune fille était passée par la position normale du complexe d’Œdipe féminin ». Ainsi, vers 13-14 ans, elle prit en affection un petit garçon de trois ans au point qu’elle voyait régulièrement dans un square : « elle était alors dominée par un puissant désir d’être mère elle-même et d’avoir un enfant ».

Elle est âgée de 16 ans lorsque sa mère met au monde un troisième frère : « Auparavant sa libido avait pris comme position la maternité, après cela elle fut une homosexuelle s’éprenant de femmes mûres, ce qu’elle est restée depuis ».

Ce qui devait arrivait arriva. Alors qu’elle se promenait avec la dame à proximité du bureau de son père, elle le croise et il leur lance un regard furieux : « Quelques instants plus tard elle se précipitait sur la voie du chemin de fer urbain ». C’est que la dame, ne voulant pas d’histoires, lui avait intimé l’ordre de mettre fin à leur relation.

C’est après cette tentative de suicide que les parents font appel à Freud.

Lire la suite

Sexe, Genre et Addiction

Editions l’Harmattan

La question que nous avons choisie d’aborder aujourd’hui est une question un peu particulière, dans le sens où c’est quelque chose que nous avons comme le nez au milieu de la figure tous les jours, lorsque l’on travaille en addictologie ; une question qu’habituellement nous ne nous posons jamais. C’est-à-dire : pourquoi les usagers de substances psychoactives, alcool ou drogues, appartiennent pour près des trois quarts au sexe masculin ? Avec cette question subsidiaire, qui serait de nous interroger sur d’éventuelles spécificités de l’addiction au féminin, et de l’intérêt d’en tenir compte dans le dispositif de prévention, d’accueil et de soins en addictologie.

Nous pourrions penser comme cela en première approximation, qu’il existe un biais de recrutement, une difficulté particulière pour les femmes intoxiquées, à effectuer une démarche de soins. Par exemple, on a longtemps cantonné l’alcoolisme féminin à l’image de la femme solitaire, honteuse, s’adonnant en cachette à son vice.

Les études épidémiologiques décrivent une autre réalité, qui est que les trois quarts des décès attribués à l’alcool ou au tabac concernent la population masculine. L’épidémiologie retrouve avec une constance assez remarquable, quel que soit le pays ou la législation, le fait qu’il y ait trois fois plus de sujets de sexe masculin qui s’adonnent au tabac, à l’alcool, aux drogues illicites ou aux jeux compulsifs.

Seule la consommation de médicaments psychotropes concerne deux fois plus la gent féminine. Il paraîtrait que les médecins prescrivent bien plus facilement ces médicaments psychotropes aux femmes qu’aux hommes.

L’addiction apparaît donc sexuée. Il existe une relation étroite entre le sexe masculin et l’intoxication. Mais, qu’est-ce qu’exactement que le sexe ?

L’étymologie du mot sexe vient du latin « sexus », dont l’origine proviendrait du latin « secare » : couper, diviser.

Cette racine latine indique assez bien la séparation des sexes, ce qui constitue la caractéristique primordiale et indispensable de la reproduction sexuée.

C’est en tant qu’êtres sexués que nous sommes au monde. Le sexe est avec le patronyme le support essentiel de l’identité et même le premier trait identitaire dans la rencontre avec l’autre.

Freud écrit ainsi dans les « Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse » : « Masculin ou féminin est la première appréciation que vous faites quand vous rencontrez un autre être humain. »

Dans les « Trois essais sur la sexualité« , Freud déploie sa réflexion selon trois dimensions : la dimension biologique, la dimension sociologique et la dimension psychologique. C’est sur ce schéma que nous avons construit le programme de cette journée et sur ce schéma que je vais reprendre la suite de ma présentation.

En ce qui concerne la biologie, nous ne disposons que de données scientifiques assez parcellaires et à mon sens peu convaincantes.

Tous les auteurs reprennent la notion d’un liquide corporel moindre chez les sujets de sexe féminin, ce qui rendrait compte d’une métabolisation différente des substances psychoactives et d’une gravité plus importante des pathologies induites.

De façon plus intéressante, lors de la première Journée Nationale Suisse « Genre et addiction« , en 2006, le docteur Yvan Berlin indique que le devenir des toxiques exogènes chez la femme varie selon le cycle menstruel, lors de la grossesse ou après la ménopause. La différence majeure entre homme et femme, dit-il, est liée au milieu hormonal.

Il décrit, en outre, un effet de télescopage dans l’alcoolisme féminin, soit la conjonction de l’apparition d’une tendance à l’abus plus tardive et de l’apparition plus précoce des lésions d’organes.

D’un point de vue social, les modes de consommation apparaissent moins liés au sexe anatomique des individus qu’aux rôles sociaux qui modulent les rapports entre les hommes et les femmes.

L’usage des substances psychoactives apparaît en grande partie être un usage social, façonné par l’histoire, la culture, les rapports sociaux de sexes et la représentation qu’il véhiculent (« Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire« , de mars 2009).

C’est ce que nous appelons la notion de « genre », qui se développe dans les sciences humaines à partir des « Gender studies« , nées aux États-Unis dans les années 70.

Toujours dans une dimension culturelle et sociale, la consommation de substances psychoactives apparaît bien plus stigmatisée chez les femmes, alors que chez les hommes, la prise de risque et l’intoxication sont autant de signes de virilité.

Les études épidémiologiques font apparaître, outre, une surmédicalisation des femmes, des antécédents de traumatismes et d’abus sexuels, dans 25 % des cas et surtout chez la moitié d’entre elles, l’influence décisive du conjoint.

C’est tiré de l’enquête « Coquelicot« , une enquête épidémiologique qui s’est déroulée de 2004 à 2007. La conclusion : dans la dynamique du couple, le conjoint usager de drogue est le plus souvent le détenteur du produit, l’initiateur aux drogues et à l’injection.

L’assignation sociale des femmes semble effectivement ne pas faciliter leur accès aux soins en addictologie. Entre leurs prérogatives maternelles, leur double charge professionnelle et domestique, et leur fréquente dépendance affective ou financière au conjoint ; l’organisation habituelle de la prévention, de l’accueil et des soins en addictologie peut apparaître inadaptée.

Des structures spécifiques se sont développées en Angleterre et en Allemagne. Elles sont plus nombreuses dans les pays nordiques que dans les pays méditerranéens et inexistantes dans les pays de l’Est.

En France, la prise en compte d’une spécificité féminine de l’addiction reste encore récente et parcellaire.

La troisième et dernière piste de réflexion : la dimension psychologique ou plus précisément psychanalytique.

Il y a un siècle, Freud faisait scandale, à Vienne, en affirmant le rôle central de la sexualité dans l’inconscient, et ce, dès l’enfance. L’expérience psychanalytique permet le dévoilement du sens sexuel caché du symptôme.  Par ailleurs, pour Freud, la bisexualité est originelle chez l’enfant et ce n’est qu’à l’issue du processus œdipien que s’affirme l’assomption du sexe.

« L’anatomie, c’est le destin« , affirme-t-il dans « La disparition du complexe d’Œdipe« . Mais le fait que l’anatomie soit le destin est contesté par Lacan, notamment dans le séminaire « L’angoisse« . Lacan met l’accent sur le rôle fondamental du symbolique.

Chez l’être parlant, la vie sexuelle s’affranchit de l’instinct sexuel.  Lacan dit en 1964 : « Au regard de l’instance de la sexualité, tous les sujets sont à égalité depuis l’enfant jusqu’à l’adulte, ils n’ont affaire qu’à ce qui, de la sexualité, passe dans les réseaux de la constitution subjective, dans les réseaux du signifiant. Dès lors, pour la sexualité humaine, il n’y a pas de prédétermination anatomique, pas d’objet élu préétabli, pas de finalité reproductive. »

Pour la psychanalyse, la sexualité s’exprime au travers des pulsions partielles. Pulsions partielles qui sont autant de modalités relationnelles à un autre être parlant et désirant.        La vie libidinale de l’être humain est orientée et structurée par le symbolique, c’est-à-dire par les injonctions et les prescriptions parentales, culturelles, sociales.

Lacan élabore les formules de la sexuation dans son séminaire « Encore« , pour rendre compte de la répartition des sexes selon une logique signifiante, celle de la position du sujet vis-à-vis de l’instance phallique.

Du côté homme, il se pourrait qu’il puisse l’être, ce phallus. À l’image mythique du père de la horde primitive, décrit par Freud dans « Totem et tabou« .   Du côté femme, elle échappe à cette emprise du tout phallique et peut avoir accès à une jouissance Autre.

La clinique addictive rend souvent compte de la difficulté du sujet à assumer cette position sexuée, quelles qu’en soient les raisons.

En 1975, lors de la séance de clôture des Journées des Cartels de l’Ecole Freudienne de Paris, Lacan énonce : « Il n’y a aucune autre définition de la drogue que celle-ci, c’est ce qui permet de rompre le mariage avec le petit pipi. » « Petit pipi », c’est l’expression qu’employait le petit Hans, l’une des cinq grandes psychanalyses de Freud. Tout ce qui permet d’échapper à ce mariage avec le phallus est le bienvenu, d’où le succès de la drogue.

Pour conclure cette brève introduction à notre journée de travail, il semblerait bien que, contrairement à l’assertion de Freud, l’anatomie ne soit plus le destin.

Chez l’être parlant, la vie sexuelle est éminemment corrélée au symbolique, aux lois du langage, c’est-à-dire aussi bien au discours ambiant qu’aux contraintes sociales, culturelles et morales. Dans ce contexte, les sujets masculins présentent effectivement une difficulté particulière à assumer l’instance phallique.

Mais l’émergence et le développement des études de genre semblent indiquer un dépassement, chez l’être parlant, de la binarité masculin/féminin et un effacement de la référence phallique, effacement que l’on retrouve par ailleurs dans le déclin de la fonction paternelle.

Ce que confirment les études épidémiologiques menées auprès des jeunes générations, à lire dans le « Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire ».

La convergence des modèles de consommation masculin et féminin, chez les adolescents, témoigne des progrès de la mixité, tandis que la résistance des rites sociaux sexués à l’âge adulte va de pair avec la persistance des écarts.

En tout état de cause, la prise en compte récente, par la MILDT, de la problématique genrée de l’addiction apparaît souhaitable.

Table des matières

Lire la suite

Le transfert est l’amour qui s’adresse au savoir

Le transfert est l’amour qui s’adresse au savoir[1]

 

Lors de son séminaire sur les 4 concepts (1964), Lacan énonce que l’analyste doit attendre le transfert pour commencer à donner l’interprétation. Pour qu’une analyse ait lieu, il faut bien que l’impétrant ait l’idée que ce qui le fait souffrir peut trouver sens au niveau de l’inconscient. Et que la pratique de l’analyste puisse révéler le désir inconscient en œuvre dans le symptôme. La théorie lacanienne du transfert repose sur ce Sujet supposé Savoir qui s’installe dans les premiers temps d’une analyse.

Nous l’avons vu, Freud aborde le transfert essentiellement dans sa dimension imaginaire, marquée par l’amour et la résistance, et ce malgré l’enseignement qu’il aurait pu tirer de la cure de l’homme aux rats. Lacan va s’attacher au cours de son enseignement à aborder la dimension symbolique du transfert lors de l’analyse, et pour cela, il fera du désir de l’analyste le pivot de la question du transfert analytique.

Ce sera l’objet de son séminaire sur Le Transfert, tenu en 1960-1961. Les 6 premières séances sont consacrées au Banquet de Platon, texte qui se propose d’élucider ce qu’il en est de l’amour. Différents éminents philosophes se sont déjà exprimés quand arrive le tour de Socrate, dont Platon fut l’élève.

Socrate est une énigme, sans doute psychotique, il se baladait pieds nus dans Athènes, s’adressant au tout venant. Il n’a pas fait école, au sens des écoles philosophiques florissantes à cette époque en Grèce, il n’a jamais rien écrit mais il a produit une rupture épistémologique qui marque l’histoire de la philosophie. Il a toujours privilégié la parole, mémoire vivante, à l’écrit, mémoire morte, et il n’est connu que grâce à ses disciples : Lacan dira que Socrate est l’homme qui a suscité le plus long transfert de tous les temps.

Lire la suite

L’homme aux rats, l’emprise du transfert

Ernst Lanzer

Il faut relire l’homme aux rats comme la Bible

Jacques Lacan ( 14/05/1958)

Les Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (L’homme aux rats), constituent la troisième des cinq psychanalyses que nous a transmit Freud. Il s’agit du récit d’une cure de 11 mois, effectuée du 1er octobre 1907 à la mi-septembre 1908. Durant les quatre premiers mois, Freud prend des notes tous les jours, sauf le dimanche, au rythme même de la cure.

Freud exposera le cas de l’homme aux rats à la Société de Psychanalyse de Vienne le 30 octobre, les 6 et 20 novembre 1907, le 22 janvier et 8 avril 1908, puis au premier congrès international de psychanalyse qui se tint à Salzbourg le 27 avril 1908. Il sera publié en octobre 1909 dans le premier numéro du Journal pour la Recherche Psychanalytique et Psychopathologique (Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen) ; et traduit en français en 1935. En quelque sorte, c’est le premier compte rendu d’une analyse menée selon la technique de l’association libre, soit, rien de moins qu’une ré-invention de la psychanalyse par Freud.

L’homme aux rats, c’est Ernst Lanzer, un jeune homme de 29 ans, docteur en Droit, aux prises avec de douloureux symptômes obsessionnels longuement décrits et interprétés par Freud.

Le récit de cette cure est tout entier imprégné par le transfert.

Lire la suite

Anna O., la surprise du transfert

Bertha Pappenheim

En allemand, übertragung de über, au-dessus et tragen, porter, supporter : soit, littéralement, porter-dessus. Dans la langue courante, employé pour transmission voire retransmission d’une émission de radio , mais aussi pour transcription, traduction, etc.

En français, transfert selon le Larousse, c’est l’action de transférer, de déplacer quelque chose ou quelqu’un : en Droit, le transfert de propriété par ex., en sport, le changement de club d’un joueur, etc.

L’expression « faire un transfert sur quelqu’un » est une expression assez courante depuis que certaines notions psychanalytiques se sont banalisées. De ce quelqu’un, il s’agit le plus souvent d’une personne en position de savoir : le médecin, l’enseignant, le politique, etc. ; mais aussi de en position de savoir faire ou de savoir y faire, comme le sportif, le chanteur. Le transfert, au sens commun, s’équivaut à l’élan affectif, une certaine admiration voire énamoration.

Mais le transfert, tel qu’il a été découvert et tel qu’il est conceptualiser en psychanalyse répond à une réalité, voire un réel bien plus complexe.

Cette année je vais m’attacher à répondre à ces quelques questions posées par ma petite note d’invitation :

Qu’est-ce que le transfert ?

En quoi y-a-t il une spécificité du transfert en psychanalyse ?

Quelle est la fonction du transfert dans la cure, et en quoi celle-ci est-elle primordiale ?

Qu’est-ce que « le maniement du transfert » par l’analyste, comme le théorise Freud puis Lacan, et en quoi ce « maniement » conditionne les autres éléments de la cure, jusqu’aux interprétations même ?

Dans un premier temps, nous aborderons cette découverte, et même cette invention du transfert par Freud.

Lire la suite

Black Mirror

(Introduction aux Journées de l’École Psychanalytique des Hauts de France, 23 & 24 novembre 2019, Lille)

intelligence-artificielle

Vous connaissez peut-être cette série anglaise qui date de 2011, et qui a été reprise par Netflix en 2016. C’est une dystopie, c’est à dire le contraire d’une utopie, soit une société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste.

« Black Mirror » met en scène les nouvelles technologies en envisageant les conséquences ultimes et les plus dangereuses que chacune d’entre elles influe sur le comportement humain et l’organisation sociale : au fil des épisodes, il est ainsi question d’une vedette de la téléréalité vulgaire et stupide qui arrive au pouvoir, du totalitarisme des moyens de surveillance, de l’enfermement dans des vies numériques, d’un monde où tout le monde se note, à tout moment, et où cette note détermine la position sociale… Sans doute que cela vous rappelle quelque chose : l’élection de Trump, le contrôle social chinois, les hikikomoris (ces japonais cloitrés chez eux, coupés du monde), ce qu’on appelle les réseaux sociaux : cette dystopie est déjà là !

Charlie Brooker, créateur de la série, explique dans une interview : « Le miroir noir du titre est celui que vous voyez sur chaque mur, sur chaque bureau et dans chaque main, un écran froid et brillant d’une télévision ou d’un smartphone ».

Lire la suite

Clinique 2.0 (II) : Bisexualité

Hermaphrodite

Nous allons partir de la bisexualité psychique, dont la notion n’a jamais été démenti, ni par Freud, ni par Lacan.

La bisexualité s’origine de la nuit des temps. De tout temps, des êtres humains naissent dotés des organes mâles et féminins. Certains estiment que 4% de l’humanité naissent avec des organes masculins et féminins. Le terme d’hermaphrodisme appliqué aux humains a commencé à être employé par la médecine vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. À la naissance, on pratique en général l’ablation de l’attribut le moins développé, opération doublée d’une hormonothérapie.

L’hermaphrodisme vrai désigne un cas rare d’intersexuation : la personne est dotée de chromosomes sexuels variables (XX, XY), mais naît le plus souvent avec une ambiguïté sexuelle et la présence simultanée de tissus testiculaires et ovariens, conduisant au développement de structures masculines (véritable pénis érectile et prostate) et féminines (vagin et utérus). La médecine n’en dénombre officiellement qu’environ 500 cas en France, ce qui n’est déjà pas si anecdotique. Maintenant on parle d’intersexuation, le I de LGBTQIA+.

Hermaphrodite est un mythe d’origine asiatique qui est parvenue en Grèce à l’occasion des conquêtes grecques. Dans la mythologie grecque, Hermaphrodite est le fils de Hermès, lui-même fils de Zeus, dieu des routes et des carrefours, et par là, du commerce, des voyageurs et des voleurs. Sa mère, Aphrodite est la déesse de la beauté, de l’amour, du plaisir et de la procréation. D’où son nom, composé du patronyme paternel et maternel : Herm-aphrodite, premier indice du prétendu bouleversement des mœurs actuels.

Lire la suite

Vivre en live

Intervention au XLIème Colloque de l’Institut d’Études de la famille et de la Sexualité & IIème Colloque du Centre Interdisciplinaire de Recherches sur les Familles et la sexualité, Université Catholique de Louvain La Neuve, 29 et 30 avril 2004

Louvain

Le lapsus internet existe, comme celui à l’origine de ce texte auquel nous avions donné d’abord comme titre « Vivre en life », avant de nous apercevoir de notre erreur. Sans s’attarder sur ce lapsus, nous retiendrons d’emblée qu’il y a de l’inconscient dans internet, qu’il y a du sujet sur le net ! Du sujet au sens psychanalytique, un sujet parlant qui en dit bien plus qu’il ne veut en dire, puisqu’en dessous de ce qui est dit, un autre discours, celui du désir, surgit dans le lapsus, le mot d’esprit et dans toutes ces manifestations de l’inconscient qui émaillent la vie quotidienne.

S’il y a du sujet, et du sujet inconscient sur internet, c’est bien que ce que l’on appelle à l’instar des anglo-saxons les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), n’appartiennent pas simplement au monde virtuel. C’est qu’avec internet, nous n’avons pas précisément affaire au virtuel. Le virtuel signifie le potentiel, le devenir, comme la graine peut devenir un arbre. Internet n’est pas virtuel, il fait aujourd’hui partie de notre réalité, de la réalité. Il y a du sujet, du sujet à l’inconscient, qui s’exprime par l’internet, et c’est une réalité quotidienne et naturelle aujourd’hui pour la plupart des adolescents.

Lire la suite

Clinique 2.0 (I) : LGTBQIAT+

Drei_Abhandlungen_Freud_tp

Clinique actuelle : LGTBQIA(+), non hétérosexuels

  • T = transgenre, transsexuel = opéré
  • B = bisexualité, banale dans la Grèce antique, à Rome, en France jusqu’au Moyen-Age
  • Q = queer = tordu, bizarre = militants de l’abolition des genres et des identités sexuelles, lutte contre le patriarcat
  • I = intersexe, en médecine hermaphrodisme
  • A = asexué, désintérêt pour le sexe

Aux USA : LGTTQQIAAP = lesbian, gay, bisexual, transgender, transexual, queer, questionning, intersexual, asexual, allies, pansexuel.

3 essais

1905, écrit en même temps que « Le mot d’esprit et son rapport à l’inconscient »

1000 exemplaires brochés (pas chers) vendu en 4 ans, 4000 autres entre 1910 et 1920.

Nombreux ajouts ultérieurs, surtout en 1915 : 100 pages de plus

Freud accusé d’immoralité :

  • Enfant pervers polymorphe
  • Parents 1ers objets sexuels
  • Sexualité de l’adulte d’origine infantile

Jones : On cessa de saluer Freud dans la rue

Thèse à l’encontre des connaissances biologiques, de la morale religieuse, de l’opinion populaire

La sexualité humaine n’est au service que d’elle-même, elle échappe à l’ordre de la nature. Elle est pour ainsi dire contre nature.

Lire la suite

Le sexe, la drogue et le genre

Intervention aux XXVIIèmes Journées de Reims : « La femme d’abord ! Enseignements issus de la pratique auprès de femmes toxicomanes, 8-9 décembre 2011 »

klimt-3-ages-femme-40x501/ Même dans la drogue, la femme n’est pas l’égale de l’homme. Les statistiques sont impitoyables, elles ne varient guère quelque soient leurs origines géographiques, quelque soit le milieu culturel : plus des trois-quarts des addicts sont de sexe anatomique masculin. Et cela concerne aussi bien les drogues licites que les drogues illicites. En ce qui concerne le tabac, il semblerait que la proportion de fumeuses progresse, ne perdons pas espoir !

Je parle de sexe anatomique, sciemment, puisque contrairement à ce que Freud affirmait au début du XXème siècle, l’anatomie n’est pas forcément le destin. Avec les formules de la sexuation, Lacan nous a définitivement convaincu que l’on pouvait aussi bien être de sexe anatomique masculin et de structuration psychique féminine, et inversement.

Les choses se compliquent à partir des années 70 et le développement des « Gender Studies », les études de genre en français. Il se pourrait alors, que l’on puisse être ni homme, ni femme.

Lire la suite